En déplacement à Toulouse (Haute-Garonne), ce mercredi 12 novembre, Emmanuel Macron a assuré à une délégation d’agriculteurs qu’il ne signerait pas, « en l’état », le projet d’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur.
Le chef de l’État, venu à la rencontre d’exploitants mobilisés à l’appel de la FNSEA, a souhaité apaiser les inquiétudes suscitées par ses déclarations du 6 novembre, lors de la COP30 à Belém, au Brésil. Ce jour-là, le président avait jugé « plutôt positives » les discussions autour de l’accord commercial, tout en se disant « vigilant ».
Plus de 300 agriculteurs mobilisés, une centaine de tracteurs
Ce mercredi 12 novembre, l’ambiance était électrique sur la Piste des Géants à Toulouse ou plus de 300 agriculteurs se sont rassemblés, tout près d’Aerospace, pour exprimer leur colère. En cause : le discours d’Emmanuel Macron au Brésil sur le Mercosur — un ‘volte-face’, a dénoncé ce matin Jean-Baptiste Gilbert, secrétaire général des Jeunes Agriculteurs d’Occitanie.
« Le président nous a dit qu’il ne le signerait pas en l’état. Il veut revoir complètement le dossier du Mercosur parce qu’aujourd’hui, selon lui, c’est un accord ancien, qui n’est plus adapté à nos contraintes. Il a déclaré qu’il allait retravailler dessus. On lui fait confiance », rapporte Jean-Marie Dirat, éleveur de volailles à Saint-Nicolas-de-la-Grave et président de la FRSEA Occitanie.
Jean-Marie Dirat – Photo S Leborne
Et de poursuivre :
« C’était une première pour moi, donc vraiment intense. C’est un monsieur qui connaît très bien ses sujets — mais on le connaît, on reste prudents. La confiance n’est pas encore restaurée, mais elle commence à revenir. Maintenant, je l’encourage à venir vers nous pour qu’ensemble, on sorte l’agriculture française de l’ornière. »
Les représentants syndicaux ont également profité de l’entretien pour formuler plusieurs demandes, dont la reconnaissance de l’Occitanie comme « territoire d’exception » face au changement climatique.
« On a demandé à ce que l’Occitanie soit placée en territoire d’exception, parce qu’on est en première ligne face aux contraintes climatiques. Cela permettrait aux préfets d’avoir la main sur certains dossiers pour les faire avancer plus vite — la création de réserves d’eau, la mise en place de nouveaux projets — sans passer par de longues validations de l’État. On gagnerait ainsi un temps précieux », a plaidé un agriculteur.
« On bloquera s’il faut bloquer »
Jérôme Bayle – photo S Leborne
Si ces réponses ont été applaudies par l’assemblée, elles n’ont pas convaincu tout le monde. Jérôme Bayle, agriculteur et figure du mouvement des Ultra 64, se dit « resté sur [sa] faim » : « Moi je ne suis pas content. Aujourd’hui, il aurait pu faire un geste fort qui, certes, n’aurait pas satisfait tout le monde, mais il aurait pu prendre la décision d’annuler ou de suspendre l’extension des zones vulnérables. Ça aurait remis du baume au cœur des exploitants qui se seraient sentis considérés. Aujourd’hui, le monde agricole a besoin d’une vision d’avenir et, pour l’instant, il fallait lever cette mesure, car des exploitations déjà endettées vont devoir investir encore plus. Nous, notre territoire, on le connaît, on est nés dessus et on veut le défendre — alors on bloquera s’il faut bloquer. »