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Ariège. Un homme jugé pour récidive d’agressions sexuelles sur une mineure déficiente mentale

today13 mai 2024 à 22h38

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Un ariégeois de 64 ans, originaire de Bordeaux est accusé d’agression sexuelle sur une mineure de 15 ans souffrant de déficience intellectuelle et de retard mental. Jugé par la cour d’assises de l’Ariège jusqu’à demain, mardi 14 mai, l’accusé doit répondre des actes de pénétrations sexuelles sur une mineur qu’il savait particulièrement vulnérable, en raison de son état mental, par violence, et contraintes. Des faits qui se sont déroulés à deux reprises, dans la nuit du 1er eu 2 janvier 2018, et celle du  5 février 2018 à Taurignan-Castet (09). Et ce en état de récidive, pour avoir été condamné le 14 janvier 1992 pour des faits identiques », a précisé la présidente de la cour, Hélène Ratinaud.

C’est un homme ‘libre’ qui s’est avancé à la barre et qui a fait face à la cour ce lundi 13 mai au tribunal de Foix. En effet, si les tribunaux, notamment les cours d’assises lui sont devenues familières, le jugement de cette affaire intervient alors que cet ancien boucher bordelais a déjà purgé 12 ans de prison pour une autre affaire, et 8 mois de détention provisoire à la maison d’arrêt de Foix pour avoir agressé *Emma, une jeune fille de 15 ans – au moment des faits – souffrant de déficience intellectuelle. Une situation hors norme et paradoxale alors qu’il encourt la prison à perpétuité pour avoir récidivé des actes criminels.

Déjà condamné pour le meurtre de sa compagne et agression sexuelle sur sa belle-fille

Ainsi, le 16 février 2018, la brigade de gendarmerie de Saint girons s’est saisie de la plainte de Mme « B », la mère d’Emma, qui  affirmait alors que sa fille scolarisée à l’époque à l’Institut médico-éducatif (IME) d’Eycheil, aurait été victime d’agressions sexuelles par *Patrick, un ami de la famille. En effet, la jeune victime Emma s’était alors confiée à une éducatrice spécialisée sur ce qu’elle avait vécu au domicile de Patrick alors qu’elle rendait visite à ses amies, les deux filles de l’accusé. Selon Emma, Patrick l’aurait à deux reprises agressé sexuellement, de manière préméditée pour au moins l’une d’entre elles. Alors que la jeune fille venait passer la soirée avec ses deux amies, Patrick aurait sans prévenir, amené ses filles chez leur grand-mère, coupé les moyens de communications et pris le téléphone portable d’Emma. Si le sexagénaire reconnaît avoir eu des relations sexuelles avec la jeune victime, celui-ci nie l’avoir forcée à en avoir. Selon lui, « elle était consentante ».

« Le passé judiciaire de Patrick a plus que démontré qu’il pouvait imposer des actes sexuels à une jeune fille ayant déjà été condamné pour attentat à la pudeur commis sur sa jeune belle-fille, après avoir tué sa mère », a lancé la Présidente de la cour ce lundi 13 mai. Une recontextualisation des faits qui a lourdement résonné dans la salle d’audience.

En effet, au fil de l’audience, on apprendra que Patrick n’en est pas à sa première condamnation criminelle. L’homme affiche « un lourd pédigrée », dont une condamnation pour le meurtre sur sa compagne, la mère de sa première fille, en 1992, couplé d’une agression sexuelle sur sa belle fille âgée de 13 ans, alors que cette dernière vivait avec lui, ignorant à ce moment là que sa mère était décédée sous les coups de couteaux de l’accusé.

A la barre, l’homme relate son passé, ses conquêtes, jeunes, fragiles, la naissance de ses trois filles, dont deux issues de la même union. Issu d’une famille recomposée, l’homme confiera n’avoir jamais connu son père biologique et avoir été élevé tantôt par sa mère et son beau-père, tantôt par deux grand-mères bordelaises, « les sœurs » comme il les appelle. L’homme récite ensuite son casier et se remémore chaque instant de ces actes criminels, comme si il lisait le synopsis d’un livre dont il était l’auteur, le braquage d’une banque à main armée à ses 18 ans, un meurtre avec dissimulation du corps de sa compagne, une agression sexuelle sur mineur, ou encore une usurpation d’identité, Patrick enchaine les crimes et les condamnations. Il sera condamné à 20 ans de prison pour l’ensemble de ses crimes et sera finalement incarcéré durant 12 ans, d’abord à Gravignan, puis à Rennes, à Lannemezan et enfin à Muret. Trapu avec un embonpoint, dégarni, lunettes sombres, le regard détaché et le verbe affirmatif, l’accusé ne laissera transparaitre aucune émotion, sauf à l’évocation de sa mère, décédée à 59 ans d’un cancer.

« Au moment ou je l’examine, sa dangerosité est toujours d’actualité »

Le docteur Pierre André Delpa est catégorique,  » Patrick n’exprime aucun sentiment de culpabilité »: « Très jeune, il manifeste une instabilité, des difficultés à s’insérer, à respecter les règles et a une appétence pour les conduites antisociales ». L’expert psychiatre qui a examiné Patrick, décrit ce lundi devant la cour d’assise de Foix un homme sans émotion, qui ne souffre toutefois d’aucune pathologie psychiatrique. « Il y a six ans quand je le vois, je conclus qu’il n’y a pas d’indication de soin qui puisse participer à sa réhabilitation, puisque les faits ne sont d’ailleurs pas reconnus ». À aucun moment il ne se met à la place de la jeune fille, pas de compassion, il reste factuel et n’exprime aucun sentiment de culpabilité, la jeune fille est alors ‘chosifiée’ et n’est pas reconnue comme une personne à part entière ».Au moment où je l’examine, sa dangerosité criminologique est avérée. Et raisons de penser que cette dangerosité exprimée à maintes reprises ne soit pas éteinte aujourd’hui.

Le procès se poursuit ce mardi 14 mai au palais de justice de foix.

*Les prénoms ont été changés

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Écrit par: Stephanie Leborne

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