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DIRECT. Procès Jubillar : la dernière ligne droite. La défense plaide aujourd’hui — suivez l’audience en direct..

17ᵉ jour d’audience au procès Jubillar. L’heure est venue pour la défense de plaider — une étape décisive à suivre en direct.
Procès Jubillar : « 
©Les avocats de La Défense

17ᵉ jour d’audience au procès Jubillar. L’heure est venue pour la défense de plaider — une étape décisive à suivre en direct.

L’audience est suspendue jusque demain 9h

« vous ne pouvez pas condamner Cédric Jubillar : vous devez l’acquitter ».

17h05 – Soyez exigeants, je vous le demande. Avez-vous des preuves suffisantes ? Non ? Alors vous ne pouvez pas condamner Cédric Jubillar : vous devez l’acquitter.

17h02 – Pendant les heures que vous passerez à délibérer, vous devrez faire preuve d’exigence, confronter vos réflexions et vos doutes. C’est ce travail minutieux, point par point, qui vous permettra de forger votre intime conviction. Un juge qui n’est pas inquiet est un juge inquiétant : vous devrez donc être attentifs, vigilants et inquiets. Vous pourrez débattre, ne pas débattre, tout garder pour vous, et puis il y a le vote blanc : il est comptabilisé comme favorable à l’accusé, mais il existe. Votre décision vous engage face à votre conscience, mais elle engage aussi Louis et Elyah : c’est une responsabilité grave. Désormais, le silence va s’installer – ce silence, c’est l’instant que nous attendons ou redoutons depuis quatre ans et demi.

16h58 – Me Martin lit alors l’article 353 du Code de procédure pénale : la loi ne demande pas de rendre compte aux juges. « C’est un texte magnifique, mais qui mérite des explications, poursuit-il. La notion d’intime conviction est déjà antinomique : la conviction se fonde sur les preuves présentées, alors pourquoi ajouter l’adjectif “intime” ? L’intime relève de ce qui existe au fond de l’âme. Aujourd’hui, le monde a évolué : la science nous aide, le principe de présomption d’innocence s’impose, et la loi exige désormais que cette conviction soit motivée. Une conviction purement intime ne peut plus suffire. »

16h26 – « Dans ce dossier, tout le monde veut le résoudre. Chacun y va de son expertise. »

16h06 – « Alors je vous rassure, on va regarder rapidement ce qu’on a voulu faire de lui. Bon nombre de gens ont imaginé qu’il pouvait être coupable. Pourquoi ? Parce qu’il n’était pas aimé. J’ai tout vu, j’ai tout fait… D’ailleurs, je ne vous demande pas de l’aimer : vous pouvez penser que c’est un gros con.

16h00 –« On peut échafauder des hypothèses. Cédric Jubillar n’est pas un homme emporté par une passion débordante, il n’est pas obsessionnel, et on n’y voit pas d’effondrement total. La violence de Cédric ? On a vu que sur Delphine, il n’y en a aucune. Sur tous ceux qui l’ont suivi toute sa vie, aucune trace de violences. Faut-il pour autant essayer de trouver des éléments ? Alors on a essayé… C’est la violence de quelqu’un qui a subi de la maltraitance – À genoux, face au mur, les mains sur la tête – : “Pour moi, un père, c’est celui qui fait peur à ses gosses.” Voilà ce qu’il fait : une méthode éducative avec soixante ans de retard, parce que ça existait à l’époque. Olivier, lui, lui a donné un bon modèle… »

15h49 – « Oui, il est capable de dire : “Je vais la tuer, elle me fait chier.” Mais on est dans la vraie vie là, qui n’a jamais dit ça ? C’est l’expression d’un désarroi, mais ça ne justifie pas son acte, contrairement à ce que laisse entendre sa mère… Ils le connaissent, Cédric ! Il est brut de décoffrage. »

15h43 – L’avocat retrace l’évolution de la relation du couple, jusqu’à la décision de Delphine de vouloir divorcer. “Bien sûr qu’il savait cette relation avec Donat, Jean M. Bien sûr que Cédric ne voulait pas divorcer »- Mais à quel moment peut-on imaginer que Delphine annoncerait qu’elle partirait le 15 décembre ? À dix jours de Noël ? Sans appartement ?”

15h35 – Alexandre Martin souligne que jamais Cédric Jubillar n’a pas harcelé Delphine : “Jamais d’appel, aucun – Pas un appel à la clinique, alors que Delphine travaillait de nuit… Et puis les messages : jamais un message d’insultes, jamais, pas un seul. Et franchement, dans les procédures de divorce, on en a vu d’autres.”

15h26 – « Et puis Donat, Jean M… c’est une autre vie qu’il lui fait miroiter. C’est sur qu’ avec Cédric, on est loin des sushis et du champagne. Mais Delphine, c’était une femme qui avait la tête sur les épaules, qui aimait ses enfants, sa famille. Le 7 septembre : “Je te remercie pour les efforts que tu fournis.” Elle reste confuse, ne sachant pas vraiment ce qu’elle veut. Les rapports sexuels s’espacent, mais ils y en a encore, même en décembre 2020 ».

15h20 – Delphine commence à se poser des questions sur sa vie. Elle est fatiguée de cette maison inachevée. “Là, je ne sais pas ce que je veux. Je peux peut-être faire des efforts, mais il faut que ce soit dans les deux sens.” On est loin, donc, d’une personne qui voudrait partir à tout prix. »

15h17 – Me Alexandre Martin :« En 2020, onze mois avant sa disparition : “Bonne année mon amour.” En juin : “Je t’aime.” “Sept ans aujourd’hui, j’espère que tu passes une bonne journée.” Delphine avait seize ans et demi quand elle l’a rencontré. En 2020, elle va commencer à envisager d’aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte. Elle se rend sur Gleeden. Cédric, de son côté, va également sur Gleeden pour voir ce qui se passe — et c’est Delphine qui finira par consulter le compte de Cédric.

15h15 – Me Alexandre Martin : « Oui, Cédric est chiant. Il sait tout sur tout, il est insupportable — et il le reconnaît lui-même. En 2018, il a l’extrême bonne idée de s’installer comme auto-entrepreneur. Autant vous dire que, fâché avec les papiers, ça ne marchera pas. Et cette maison dont il est si fier, qu’il a construite de ses propres mains, qui ne se finit pas… Peut-être est-il un peu fatigué, un peu feignant, peut-être fumait-il trop de joints, peut-être n’avait-il plus d’argent. »

15h10 – Me Alexandre Martin : « Ils se marient en 2013 avec Delphine. En 2014, Louis naît, puis cinq ans plus tard, Elyah arrive. Très vite, Cédric va agacer la famille — mais pas à cause de sa relation avec Delphine. C’est sa personnalité. Parce qu’il a trop été abandonné, il crie pour exister, il s’agite, il veut qu’on l’aime. »

15h 56 – Me Alexandre Martin : « Pourquoi je vous raconte tout ça ? Pour vous montrer comment il a grandi, comment il s’est construit. Un homme capable d’endurer, de supporter de grandes souffrances. »

14h55 – Me Alexandre Martin : « Il a été trimballé comme un paquet, abandonné par sa mère à deux reprises. Les Marchez, eux, seront toujours là — ceux chez qui il ira plus tard avec Delphine. Maltraité, placé, et pourtant toujours souriant… Et même aujourd’hui, il ne l’accable pas. Il a refusé qu’on le fasse. »

14h51 – Me Alexandre Martin : Il y a, comme ça, des regards bienveillants, des gestes de tendresse qui permettent de se reconstruire. Mais ce geste, chez lui, a été fugace. Sa mère décide qu’elle doit le récupérer. Et là, les rapports sont accablants : une mère décrite comme manipulatrice, un beau-père, un signalement. Une mère qui quitte Olivier — on se dit : peut-être, cette fois, ça y est — et deux mois plus tard, elle se remet avec lui. L’enfant demandera à être placé. Écchymose, écchymose… »

14h50 – Me Alexandre Martin : « Bien sûr, celui qui se présente devant vous n’est pas parfait, loin de là. Mais il n’est pas dénué d’affect, pas dénué d’empathie. Je voudrais vous parler de Cédric. Cédric, avant. Celui qu’on a voulu tant de fois caricaturer. Une mère trop jeune, sacrifiant la vie de Cédric pour profiter de la sienne… Puis les « Marcheze », le premier rayon de soleil de Cédric, Catherine, sa sœur, capable de dire “j’aime Cédric”. Et cette mère Marcheze, qui nous le décrivait comme un enfant tout sourire. “Il m’a sauvé la vie”, disait-elle.

14h45 Me Alexandre Martin : « On a tout détruit. Quatre ans et demi… Cédric ne sera plus jamais le même. La maternité, c’est ce qu’il y a de plus beau — dans la peinture, dans la sculpture. Là, on en est loin. Je vais vous faire une confidence : cela a été, pour moi, l’un des moments les plus difficiles humainement. Jamais je n’avais vu une mère abandonner son fils. Même lors du procès Merah, elle était venue, huée, défendre ses enfants. Cet homme est seul. Cet homme est détruit. Lui, le gueulard, ne peut plus pleurer. Lui, le pleurnichard, ne peut plus pleurer. Il est vidé de sa caisse de résonance. »

14h40 – Me Alexandre Martin : « Pour finir, on lui a même retiré son nom de “papa”. On veut maintenant lui retirer l’autorité parentale… Vous savez qui n’y aurait jamais pensé ? C’est Delphine. Elle savait ce qui n’allait pas chez Cédric, et pourtant, c’est elle qui avait écrit “garde alternée”. On a tout détruit. On a présenté Cédric comme un coupable. Mais papa, ça reste papa. On ne l’appelle pas Cédric Jubillar. »

14h37 – Me Alexandre Martin : « Une instruction à charge. C’est cet homme seul qui se présente devant vous. Quatre ans et demi d’isolement, seul dans une cellule de neuf mètres carrés. Il ne parle qu’aux murs, ou aux fantômes sans visage des cellules d’à côté. Quatre ans et demi sans voir un carré d’herbe — et vous voudriez qu’on sorte indemne d’un tel enfermement ? Sans voir ses enfants. Et je ne laisserai personne dire qu’il ne les aimait pas. »

14h28 – Me Alexandre Martin :« On l’épie, on le scrute : s’il sourit, s’il ne sourit pas, la façon dont il marche. Le 18 juin, il est interpellé. Puis vient la conférence de presse du procureur — inédite, du jamais vu. C’est le péché originel de ce dossier. Tout était déjà écrit : un véritable acharnement médiatique. »

Me Alexandre Martin, avocat de Cédric Jubillar

14h26 – Me Alexandre Martin : « L’affaire est exceptionnelle, hors norme. Il n’y a ni corps, ni trace de crime, pas même un cheveu. Vous ne serez pas le jury du festival de Cannes venu récompenser le meilleur scénario. Votre décision sera historique. Elle dira quelle image vous voulez donner à cette justice. »

14h23 – Me Alexandre Martin :
« Depuis quatre ans et demi, je ne sais toujours pas si j’espérais ou redoutais ce moment. Je mesure aujourd’hui le poids, la pression qui pèsent sur mes épaules, sur nos épaules. Peut-être partagez-vous les mêmes émotions, peut-être attendez-vous, vous aussi, ce moment qui marque sonnera le glas de procès. Nos missions nous engagent, elles nous imposent un devoir d’exigence : le mien est de combattre jusqu’à ma dernière phrase, le vôtre, celui de l’écoute. »

14h15 – La présidente et les jurés prennent place

12h50 -L’audience est suspendue- retour à 14h15

12h50 – Je vous demande d’être prudent. Je sais bien que rien n’est jamais simple — s’il pleure, ça ne va pas ; s’il pleure, c’est Daval. Tu répond trop souvent «  je ne sais plus  », et puis « tu ne l’as pas assez cherché  ». Pour moi, voilà venu le moment de m’asseoir et de me taire. Je me suis serai battue à chaque instant, à chaque minute, pendant quatre ans. C’est difficile de s’arrêter de parler, parce que lorsqu’on parle on le défend. Mais maintenant, je vais me taire.

12h46 – « Le FIGES — ce fichier où sont enregistrés les auteurs de crimes sexuels — recense 288 personnes autour de Cagnac-les-Mines. Mais on n’a pas la liste, pas les adresses. On n’a rien dans le dossier. On n’interrogera que 65 d’entre eux. Pourquoi 65 sur 288 ? Aucun procès-verbal ne l’explique. Et les interrogatoires ? Que du déclaratif. J’en ai fini  – On en fait quoi de tout ça ? Ça va vous paraître un effet de manche, mais rien de ce que je vous ai dit n’est faux — tout est dans le dossier. »

12h40 – Emmanuelle Franck évoquera un autre témoin, qui voit un homme courir comme un dératé dans un chemin le matin du 16 décembre. Elle mentionne également un délinquant sexuel, identifié non loin de Cagnac, des suspects potentiels qui ne seront jamais inquiétés, malgré des prélèvements effectués… prélèvements qui ne seront jamais envoyés au laboratoire.

« J’ai tué Delphine, parce qu’elle était en couple et qu’elle n’a pas voulu quitter son mari pour moi.. »

12h35 – Et puis, il y a le fameux téléphone… le téléphone de l’amant, qui borne à Cagnac-les-Mines. On vous dira que c’est une erreur de copier-coller qui tombe justement sur ce téléphone-là. J’ai quatre choses à vous dire : dans le dossier, on a des personnages intéressants, comme Anthony C, qui avoue le meurtre de delphine à sa compagne : « J’ai tué Delphine, parce qu’elle était en couple et qu’elle n’a pas voulu quitter son mari pour moi. Je l’ai tuée, je m’en veux, je vais mettre des fleurs dessus, et basta. » Il est convoqué… mais on le reçoit bien, hein. La téléphonie nous indique qu’il est allé à Cagnac-les-Mines le 15 décembre. Mais là, les gendarmes nous disent : « C’est normal, il est ambulancier », sauf qu’il finissait à 18h et qu’il était à Cagnac à 21h. Mais on va le laisser repartir tranquillement.

12h26 – L’amant de Delphine… je ne vais pas en faire un coupable, mais enfin quand même ! Delphine disparaît, et on apprend immédiatement qu’elle a un mari, un amant et la femme de l’amant. Les gyrophares des gendarmes ne devraient-ils pas s’activer ? Surtout quand l’amant ment, en disant dans un premier temps que ce n’est qu’une amie. Et que font-ils ? Rien. Une simple visite de courtoisie : aucun prélèvement, trois véhicules, aucun prélèvement. On n’interroge jamais les amis, on ne sait rien sur ces gens. Aucun traceur, aucun prélèvement ADN, et pour la domotique de la maison… c’est nous qui avons dû le demander en 2022 !

12h20 – Emmanuelle Franck relate un message du 24 février 2021, envoyé par Anne S à l’amant de Delphine, au sujet du gendarme en charge du dossier. Elle désigne ce gendarme par son prénom : «  Frédéric me fait le comportement de Cédric, putain… il dit que c’est clairement lui, mais il faut absolument écarter tout… » Elle ajoute : « Ils sont obligés de construire un château de sable alors qu’ils n’ont que des grains de sable… » Elle conclut : « Il m’a clairement fait comprendre qu’ils n’ont rien. Il me dit : “Le mec, c’est un abruti fini, mais il a le cul bordé de nouilles.” » – mais vous croyez que c’est un gendarme à sa place ?

12h15 – Et puis il y a le 9 février 2021. Les gendarmes veulent réactiver le portable de Delphine. Et ça fait quoi pour ses proches ? Le téléphone s’active. Cédric Jubillar apprend que le téléphone de Delphine fonctionne, et que fait-il ? Il appelle les gendarmes, puis son beau‑père : « Delphine est connectée, son téléphone sonne, papa ! » Pendant que le téléphone de Delphine sonne, il dit : « Putain, ça sonne ! » et envoie une quantité de messages écrits, qui n’interresseront jamais les gendarmes.

12h06 – Le gros problème de l’accusation, c’est 6h52. On a cru à l’époque que ça y est, on l’avait innocenté, mais avec une procédure malhonnête… Le téléphone de Delphine sera déverrouillé à 6h52. Le constructeur du téléphone dira que pour les manipulations observées, il faut une action volontaire. Or, à 6h52, Cédric Jubillar est avec les gendarmes. C’est selon nous un élément disculpant.

11h57 – « Vous n’avez rien, aucune trace sur Cédric Jubillar. On vous dit : “Oui, ce n’est pas la première fois qu’on n’a rien, mais cela n’empêche pas le crime. Il va quand même falloir… Quand vous n’avez même pas le début d’une scène de crime quelque part… » Emmanuelle Franck ironise en retraçant la scène de crime telle qu’évoquée par l’accusation. Tantôt dehors, en pleine nuit, « il aurait laissé le corps de Delphine dehors, le temps d’aller chercher les clés de la voiture. Ce soir-là, il pleuvait, et pourtant : pas de boue sur les chaussures de Cédric Jubillar, pas de boue sur les roues de la voiture… rien ! »

11h50 – « Faut-il le considérer comme un manipulateur pervers ou comme un génie du crime ? Il va bien falloir trancher un jour. »

11h45 – « On n’a toujours pas expliqué pourquoi Cédric Jubillar, qui est soi-disant coupable, appelle les gendarmes à 4h09. S’il était vraiment responsable, il aurait eu le temps de mieux s’organiser, d’appeler deux heures plus tard, par exemple. »

11h41 – « Alors, on se retrouve avec des indices très éloignés du cœur du crime. Des éléments incertains, parfois contradictoires. Et pourtant, c’est à partir de ça qu’on va tenter d’assembler un récit. »

11h33 – Et pourtant, on a le témoignage de la voisine, qui affirme clairement : « Je n’ai vu ni Anne ni Delphine. D’ailleurs, Anne ne passe jamais par là. » Anne qui, d’ailleurs, a toujours tenu des propos à charge contre Cédric Jubillar. Quant au voisin T., lui affirme : « Oui, oui, je me suis garé avec ma camionnette, c’est sûr, la voiture [de Delphine] était capot vers le bas. » Sauf que ce soir-là, sa camionnette n’était même pas là. Alors, soit il ment, soit il s’est trompé de jour. Dans tous les cas, son témoignage est bancal. Et ce sont là les deux seuls témoignages que nous avons concernant le sens dans lequel était garé le véhicule.

11h20 – Anne, l’amie de Delphine a été entendue une première fois, puis trois autres fois ensuite. Lorsqu’on lui demande quand elle a vu sa meilleure amie pour la dernière fois, elle répond : « Devant l’école, à 16h30. Il pleuvait, on n’a pas eu le temps de se parler, elle était au téléphone. » Puis, le 1er mars, la gendarmerie la contacte, ce qui l’amène à s’interroger. Avec Donat Jean, elle se dit : « Je me demande bien ce que je vais pouvoir leur apporter de plus. » Elle est alors sollicitée pour parler des trajets entre l’école et la maison. Mais là encore, je m’étonne : elle n’habite pas à proximité, elle n’a jamais dit savoir comment était garée Delphine, et rien ne laisse penser qu’elle ait des informations importantes à ce sujet. ».

11h13 – « Le sens du véhicule… c’est un élément important pour l’accusation. Alors on s’y accroche, on s’y attache.
Rappel très simple : vous avez vu la configuration. On peut se garer tantôt capot vers le bas, tantôt capot vers le haut.
Pour l’accusation, il faut démontrer une habitude… et une exception. Oui, Delphine Jubillar avait pour habitude de se garer capot vers le haut, et le premier à vous le dire, c’est Cédric Jubillar. C’est son habitude. Mais il y a deux cas où elle revient capot vers le bas, et notamment, lorsqu’on revient de l’école sans passer par la crèche avant… et c’est ce qui se passe le 15 décembre. »

11h05 – L’audience reprend

Me Emmanuelle Franck, plaide ce jeudi 16 octobre pour la Défense dans l’affaire Jubillar photo SL

L’audience est suspendue

« Les lunettes cassées… il faut qu’elles soient plus cassées qu’elles ne le sont »

10h30 -« Les lunettes cassées… c’est important, parce que ça doit être une trace de violence. Alors, il faut qu’elles soient plus cassées qu’elles ne le sont, et il faut qu’elles le soient par Cédric Jubillar. On exclut que ces lunettes, déjà abîmées, puissent l’être davantage !Mais elles étaient déjà cassées ! Même Louis le dit en faisant un dessin, Anne le confirme : “Le dernier mois avant sa disparition, elle les portait de moins en moins à cause d’une branche en mauvais état.” Puis elles sont posées sur le bar le 16 décembre, et elles y restent plus de 10 jours avant que les gendarmes ne s’en saisissent. Du 16 décembre 2020 jusqu’au mois de juillet 2022, ces lunettes n’intéressaient personne. Elles seront finalement sous scellées le 23 décembre et rangées pendant un an et demi. Si elles étaient si indispensables, on n’aurait pas attendu aussi longtemps. »

10h18Me Emmanuelle Franck: « Me Chmani, vous savez à quel point je vous apprécie, vous êtes spécialiste de l’enfant, mais ce n’est pas correct ce que vous avez fait hier – vous avez agit comme témoin, et non comme avocate. Vous n’êtes pas mandatée par Louis, mais par une dame qui a un avis ! Moi, je n’ai rien contre cette dame, mais…elle a un avis! Louis n’a jamais dit : “Moi, je suis sûr que papa a tué maman.” Non ! vous n’avez pas peur qu’un jour, dans cinq ans, dans dix ans, Louis vienne vous demander des comptes ? Et qu’il vous demande : “Mais qu’avez-vous fait de ma parole ?” Alors, que dit cet enfant de six ans ? Je suis obligé d’en parler. Lors de sa première audition, Louis se réveille, il dit : “Hier, ça s’est bien passé, on a regardé Incroyable Talent, on a fait un câlin à papa, avec maman, ça se passait bien avec papa et maman, ils parlaient, mais je ne les entendais pas, parce qu’ils ne criaient pas. Après, elle m’a dit bonne nuit et dors bien… et j’ai répondu moi aussi. L’audition était filmée, Louis est plutôt joyeux à ce moment là, pas un gamin qui porte un gros secret. Lors de la deuxième audition, c’est plutôt confus : il confond un jour où il a école, il ne sait plus si maman est en pyjama ou habillée, il ne se souvient pas avoir regardé Incroyable Talent. Et puis, derrière, on va y revenir… il va dire avoir entendu papa se relever, papa prendre maman par les épaules, et “Puisque c’est comme ça, on va se séparer.” »

10h00Me Emmanuelle Franck: Revenons sur ces cris : « On a des cris entre 22h57 et 23h07… mais ces cris… ça ne colle pas. Ça ne colle pas avec le fait que Delphine envoie un message à son amant à 22h55, et ça ne colle pas non plus avec l’horodatage de son fils Louis, qui regarde Incroyable Talent et décrit une scène qui a eu lieu entre 22h55 et 22h59. Louis n’a jamais dit qu’il avait vu maman courir dehors en criant très fort. C’est pour ça qu’on s’agace contre les gendarmes… et là, ils en sont conscients.
Mais ils vont quand même dresser un procès-verbal en écrivant : “Rappelons-nous que nous sommes en période hivernale, cette dame a dû prendre du temps pour mettre une veste.” Alors que même le témoin dit non… « On fabule ! »

09h50 – Me Emmanuelle Franck : Parlons de cette trace sur son bras… quelle escroquerie, cette trace ! Le médecin légiste a conclu que cette griffure n’existe pas. Cédric Jubillar sera tout de même examinée, mais uniquement pour savoir si de l’ADN de Delphine se trouve sous les ongles… et il n’y en aura pas, bien sûr. Et puis, les cris entendus par les voisines : vous savez, c’est très important pour l’accusation, parce que ça doit signer l’agression fatale — la dispute qui commence dedans et se termine dehors.
Mais ces cris entendus par la voisine… moi je n’en sais rien. Peut-être que c’est elle ? Qui peut entendre des cris à 450 mètres alors que les voisins situés à 2 mètres n’entendent rien ? Celle qui entend ne connaît pas Delphine, elle ne peut même pas dire si c’est elle parce qu’elle n’entend pas sa voix. Dès sa première déposition, elle dit : “Pour moi, c’est une femme qui crie pour séparer des chiens.” Donc, une voix qui sépare des chiens, une seule voix, pas de voix d’homme… et des cris qui durent 5 à 10 minutes. Là, c’est un peu long, et il n’y a pas de “Arrête, arrête !” »

09h43 — Me Emmanuelle Franck annonce le plan de sa plaidoirie : – Les éléments à charge, – La manière dont on assemble les indices, – Et enfin, la question : avons-nous eu une enquête sincère ? »

« On ne condamne pas les mauvais types, on condamne les coupables. »

09h40 — Me Emmanuelle Franck dans sa plaidoirie : « Que de temps passé hier à parler de nous, la défense… que de temps passé ! Reprenons ensemble avec un préalable : ce qu’on veut savoir, ce n’est pas si vous partiriez en vacances avec Cédric Jubillar. Vous pensez peut-être que c’est un mauvais type, un pauvre type ? Ce n’est pas mon cas. Mais j’ai un avantage sur vous : ça fait quatre ans que je le côtoie. Mais on ne condamne pas les mauvais types, on condamne les coupables. »

09h35 – « On le met en garde à vue. Et pour être sûrs qu’il avoue… on met maman en garde à vue, et beau-papa !
Oui, je ne sais toujours pas pourquoi. On croise alors maman en pleurs, qui supplie son fils de dire la vérité… c’est lamentable. Et pourtant, Cédric Jubillar clame son innocence. »

09h30 — Me Emmanuelle Franck : « Puis, une semaine plus tard, on passe de disparition à enlèvement et séquestration, parce qu’il faut bien mettre quelque chose. Puis en juin, on change encore de qualification, avec meurtre sur conjoint. Et quand je demande aux gendarmes pourquoi, on me répond que c’est à cause du temps qui passe. La justice pénale doit répondre à des questions : de quoi parle-t-on ? De quoi ? Où ? Ici, il n’y a rien. Deux avocats seulement… L’accusation a, pendant quatre ans et demi, fait ce qu’elle a fait de pire. Dans ce dossier, nous l’avons vécu. Oui, on est agacé par le travail des gendarmes : on voit, les premiers mois, que 400 témoins ont été auditionnés… mais par rapport à lui uniquement, et alors ? Que pensez-vous de Cédric, et de cette maison qui n’est pas finie ? Pensez-vous qu’il puisse être impliqué ?
Et tout ça transpire… ça transpire sur des centaines de pages ! Et on en conclut que s’il reçoit des gendarmes avec un pyjama panda, c’est inadapté… et suspect ! »

09h25 – « Alors cheminons ensemble quelques instants. Au commencement de toute cette histoire, une femme disparaît : Delphine Aussaguel, dans un créneau horaire très court… »

09h21 — Me Emmanuelle Franck : « Ce qui est inédit dans ce dossier, c’est que les indices dont on vous a parlé sont extrêmement loin de ce qui nous concerne. Et pourtant, on vous demande — si indice il y a — qu’ils vous convainquent d’abord qu’il y a eu un meurtre, puis qu’un autre vous dise : “ça doit être lui.” Et là, ça devient compliqué… et dangereux.
Ce qui serait un précédent, c’est qu’on puisse juger comme ça. »

09h17 — Me Emmanuelle Franck: « Un illustre avocat, devenu plus tard garde des Sceaux, a dit un jour : « Je n’aime pas ce dossier, car je dois me battre contre l’imaginaire. » Se battre contre le probable, le senti, le ressenti…
Mais lorsqu’au bout de quatre ans, la défense doit encore se battre contre cela, c’est que l’on a transféré, transporté le procès sur l’accessoire — et non sur l’essentiel. »

09h15 – « Comment accepter que deux juges d’instruction, au moment de rendre leur copie, écrivent noir sur blanc : “Il est établi que Cédric Jubillar est coupable du meurtre de sa femme.” »

09h12 – Me Emmanuelle Franck : « Que penser d’une mère qui vient dire toute la douleur qui est la sienne — une douleur tellement difficile qu’on la rejoue au journal de 20 heures et sur les plateaux télé ? Ou de Marco ? Mais quel crédit accorder à de tels témoins ?
Il y a trop de gens, dans cette affaire, qui n’étaient pas grand-chose et qui ont voulu devenir quelqu’un…
Et peut-être que toi aussi, Cédric. »

09h09 — Me Emmanuelle Franck démarre sa plaidoirie :

« Quand j’y pense, mon cœur bat plus fort.
Derrière ce procès-spectacle, ce procès-vitrine, il y a des silencieux, la famille de Delphine.
Vous les avez entendus ces derniers jours, cette armée d’accusateurs : ils étaient onze, nous ne sommes que deux.
Nous sommes les dernières voix d’un homme écrasé depuis quatre ans, un homme qui ne sait plus comment dire qu’il est innocent.
Doit-il le dire en hurlant ? En pleurant ? Peu importe, personne ne veut l’entendre. »

9h06 : la présidente Hélène Ratinaud et les jurés font leur entrée dans la salle d’audience.

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