Le village de Verdun, perché à 1 000 mètres d’altitude, a commémoré ce dimanche 22 juin le 150e anniversaire de la crue meurtrière des Moulines, survenue dans la nuit du 22 au 23 juin 1875. Lors d’une cérémonie empreinte de recueillement, les habitants ont honoré la mémoire des 71 personnes disparues, avec l’inauguration d’une plaque commémorative apposée près du monument aux morts.
Une catastrophe née d’un contexte environnemental fragile
Au lendemain d’un printemps exceptionnellement pluvieux, un torrent habituellement paisible s’est transformé en piège mortel. « Il faut se replacer dans le contexte de l’époque », explique Robert Vicente, fondateur de l’association de sauvegarde du patrimoine verdunois. « À la fin du XIXe siècle, les versants sont à nu, les forêts ont été décimées, plus rien ne retient les eaux. » Le 23 juin 1875, un embâcle de débris naturels cède en pleine nuit, libérant une coulée torrentielle d’une puissance dévastatrice.
Une nuit d’horreur pour le village
Ce flot de boue, de roches et de bois, estimé à 100 000 m³, déferle sur le village alors que ses 500 habitants dorment. Le bilan est alors terrible : 71 morts, dont 19 enfants de moins de 18 ans, 30 maisons détruites ou endommagées, 16 granges anéanties, et 600 têtes de bétail perdues. « Trente-quatre hommes et trente-sept femmes figurent parmi les victimes. Quarante d’entre eux étaient cultivateurs », précise Serge Serène, président de l’association du patrimoine local.
Le souvenir gravé dans la pierre
Aujourd’hui encore, Verdun porte les cicatrices de cette nuit tragique. Pour perpétuer le souvenir des disparus, une plaque portant les noms et prénoms des 71 victimes a été dévoilée et bénie par le père Jean Ngendakuriyo. Si cette crue reste la plus meurtrière, elle n’était pas un cas isolé. En 1897, une nouvelle inondation marqua le village, incitant à la construction d’infrastructures de protection, comme les remparts à l’eau.
Une exposition pour ne pas oublier
En parallèle, une exposition dédiée à cette tragédie est visible tout l’été dans l’église de Verdun. Riche en documents d’époque — articles de presse, photographies anciennes, témoignages — elle retrace le drame, mais aussi les efforts de reconstruction et les mesures prises pour se prémunir de nouvelles catastrophes. Ce travail de mémoire rend hommage à la résilience d’un village marqué à jamais par les forces de la nature.
