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Un trek dans le désert se transforme en un véritable enfer pour trois ariègeoises

today18 novembre 2023 à 14h35

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C’est une aventure qui aurait dû avoir une autre saveur pour trois ariégeoises engagées. Investies dans la lutte contre le cancer du sein, Emilie Rouzoul, Micheline Boix et Fanny Rouzoul ont cette année décidé de franchir un pas de plus vers l’engagement solidaire, en participant à la 5e édition du trek «Rose trip». Exclusivement réservée aux femmes, cette course d’orientation organisée par «Désert tours» qui s’est tenue du 26 au 31 octobre dernier au Maroc se réalise par équipes de trois, et accueille environ 870 participantes venues du monde entier : «ça faisait plus d’un an qu’on travaillait sur ce trek, nous avons monté une association à but non lucratif pour pouvoir virer des fonds aux associations ‘Ruban rose’ et ‘Les enfants du désert’», confie Emilie Rouzoul. Un véritable challenge pour ces trois sportives qui décident donc à partir pour trois jours de marche dans le désert de Merzouga (à la frontière Algérienne et à environ 2h30 de bus la ville d’Errachidia), dans le but de chercher des balises, guidées d’une simple boussole et d’un rapporteur topographique.

« Diarrhées, vomissement, malaises, délires »

Ainsi, les coureuses débarquent au Maroc le 26 octobre dernier pour démarrer leur course le lendemain. Mais rapidement, elles constatent que les conditions sanitaires sont douteuses : «On était sur un bivouac fixe, chaque équipe avait une tente, on avait des sanitaires collectifs avec des toilettes et des douches, mais rien n’était isolé». Aussi, très rapidement, des participantes tombent malades, puis, en l’espace de quelques heures, 200 personnes se déclarent contaminées : «En réalité il y en avait bien plus, je pense à des gens comme moi qui ont réussi à ce gérer», reprend Emilie Rouzoul.  Diarrhées, vomissements, malaises, délires : les trois ariégeoises assistent alors à des scènes apocalyptiques : «C’était très choquant de voir toutes ces personnes désemparées, des personnes s’effondrer, faire des malaises, ou délirer à cause de la fièvre, à moitié nues, surtout lorsqu’on ne comprend pas ce qu’il se passe». Et pour cause «une infection liée à la bactérie E. Coli ou Shigella», apprendront plus tard les participantes.

15 secours pour plus de 800 coureurs

Emilie Rouzoul ressent quant à elle les premiers symptômes dans la nuit du 28 au 29 :«même si j’ai eu des diarrhées importantes, j’ai réussi à ne pas être trop impactée parce que je suis en bonne santé et en bonne condition physique, mais ce n’est pas le cas de tout le monde, certaines coureuses étaient fragiles, car en rémission d’un cancer du sein», confie la Sauratoise, qui a réussi à terminer ses 17 km de course : «Certaines coureuses ont attendu plus d’une heure dans le désert en faisant des malaises. L’équipe encadrante de la croix rouge n’était pas assez costaud, ils étaient 15 pour plus de 800 coureurs ». Si la plupart des trekkeurs ont pu regagner leur pays, certaines personnes seraient restées là bas: « Elles ont été transportées en ambulance dans l’hôpital le plus proche, dans le lot certaines femmes était encore sous traitement ou en rémission d’un cancer, poursuit la sportive, j’ai appris par les filles qu’une des coureuses qui était fragile a fait une embolie pulmonaire à la suite, et qu’une autre a été sauvée de justesse après avoir fait un arrêt cardiaque sur le trajet du retour ».

Après un voyage de retour tout aussi effroyable, avec de nombreuses passagères malades, « en couches et revêtues de couvertures de survies », Emilie est prise en charge par son médecin qui lui prescrira un antibiotique à prise unique. « Aujourd’hui moi ça va, je me suis remise, confie-t-elle encore très choquée, je prends des probiotiques mais je sais que certaines sont encore hospitalisées ». Dans un communiqué, l’organisateur a ajouté que « différentes mesures avaient été déployées avec le médecin coordinateur et les équipes médicales sur place pour préserver la santé des participantes ».

Un collectif a été monté par les coureuses pour recenser les personnes malades.

Écrit par: Stephanie Leborne

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