Un élève de 14 ans a été interpellé et placé en garde à vue ce mardi 10 juin, après avoir poignardé mortellement une surveillante au collège Françoise-Dolto de Nogent, en Haute-Marne. Les faits se sont déroulés alors que des gendarmes menaient un contrôle des sacs à proximité de l’établissement.
La victime, âgée de 31 ans, a été prise en charge en urgence absolue par le SAMU, mais elle a succombé à ses blessures peu après, selon un communiqué de la préfecture. D’après plusieurs témoignages, un mot inscrit dans le carnet de correspondance de l’élève pourrait avoir déclenché son geste. Cette hypothèse n’a toutefois pas été confirmée par les autorités à ce stade de l’enquête.
Toujours selon nos informations, la surveillante était la mère d’un enfant de 4 ans. La ministre de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne, et la préfète de Haute-Marne se sont rendues sur place pour témoigner leur soutien à la communauté éducative. La ministre a précisé que le collégien, déjà sanctionné à deux reprises pour des troubles en classe, ne présentait plus de difficulté depuis novembre. Il avait même été désigné « ambassadeur de la lutte contre le harcèlement » au sein de l’établissement.
« On observe une montée des incivilités, une crise profonde de l’autorité »

Contacté par Pyrénées fm, pour Antoine Loguillard, secrétaire départemental de l’UNSA 09 et secrétaire académique de l’UNSA Toulouse, « Ce drame vient raviver des traumatismes déjà nombreux dans notre institution ».
« Aller travailler la peur au ventre, c’était déjà une réalité après les assassinats de nos confrères Samuel Paty et de Dominique Bernard. Aujourd’hui, la situation continue de se dégrader. En Occitanie comme ailleurs, on observe une montée des incivilités, une crise profonde de l’autorité. Le drame d’aujourd’hui implique un enfant, mais il faut rappeler que certains parents eux-mêmes s’en prennent à nos collègues, avec des insultes, parfois même des agressions physiques. Le désaccord devient insupportable, et c’est extrêmement difficile à gérer. »
Des constats alarmants, mais peu d’actions concrètes
Quelques jours plus tôt, des Assises de la jeunesse ont eu lieu… sans résultats concrets, estime Antoine Loguillard. « Les constats sont connus, ils sont même alarmistes : les enfants subissent la pression constante des réseaux sociaux, sont exposés à des violences numériques. Plusieurs études montrent que nos adolescents sont en détresse psychologique, mais les adultes censés les protéger ne prennent pas les mesures nécessaires. »
Et les moyens manquent cruellement. « Lors de ces assises, on a annoncé la création d’une centaine de postes de psychologues scolaires pour toute la France. Cela revient à un seul psychologue par département, pour le premier et le second degré. C’est dérisoire. Les réponses apportées ne sont clairement pas à la hauteur de la situation. »
« Les surveillants scolaires en première ligne, les plus mal rémunérés«
« Ce drame nous replonge dans l’effroi que nous avons vécu avec la mort de deux enseignants assassinés par des adultes. Mais ici, nous sommes face à une autre forme de violence, tout aussi inquiétante. »
Antoine Loguillard rappelle que les surveillants sont les personnels les plus exposés, mais sont aussi les plus précaires. « Ce sont les moins bien rémunérés de l’éducation Nationale, mais ce sont eux qui font face, en première ligne, à la violence des élèves, souvent en dehors du cadre de la classe. Ils constatent chaque jour la dégradation du climat scolaire. »
Un Comité Social Académique sous tension mardi prochain
Le Comité Social Académique (CSA), prévu mardi 17 juin prochain, risque d’être fortement marqué par ce drame. Présidé par le recteur, » Ce comité doit justement examiner la question de la dotation en personnels de vie scolaire dans les établissements d’Occitanie, confie Antoine Loguillard :
« Nous continuons d’ouvrir de nouveaux établissements, mais pour les doter en vie scolaire, on se contente de redéployer les personnels existants. Aucun poste supplémentaire n’est créé. Cela fait des années que nous alertons sur cette baisse continue des effectifs. Ce que nous attendons désormais de M. Bayrou, lors de sa prise de parole, ce sont des annonces concrètes : des créations de postes, et non des promesses vides. »