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La polémique autour du nouveau produit, vendu en bureau de tabac, « sniffy », continue à l’échelle nationale. Si un communiqué de la confédération nationale des buralistes demande l’arrêt des ventes, les buralistes avaient déjà boycotté le produit.
« Une poudre blanche qu’on inhale par le nez ? Pas d’amalgame, Sniffy est légal », se vante la marque sur son site internet. L’entreprise marseillaise fait parler d’elle depuis quelques semaines, et pour cause, la commercialisation d’une poudre à sniffer énergisante, qui procure « un regain d’énergie instantané » pendant une durée de « vingt à trente minutes », selon la marque créée courant 2023. Tel un simple bonbon, elle se décline en saveurs sucrées comme le fruit de la passion, le bonbon fraise et la menthe fraîche, et semble viser un public jeune : « Sniffy vous accompagnera dans de nombreuses situations : lors de vos exercices physiques, de vos études, examens, mais encore la nuit» explique les créateurs.
Si ça composition n’a rien d’effrayant ; Arginine, caféine, créatine, citrulline, taurine, alanine, maltodextine… tous les ingrédients d’une Red bull. Sauf qu’à la différence des boissons énergisantes, cette poudre blanche doit être inhalée par le nez à l’aide d’une pipette. La pratique rappelle celle des consommateurs de cocaïne, comme le dénoncent les responsables politiques et les addictologues opposés à sa vente. Depuis sa mise en vente, de nouveaux opposants apparaissent aux quatre coins de la France : les buralistes. Le président de la Confédération des buralistes, Philippe Coy, estime à « quelques dizaines au plus » le nombre de bureaux de tabac qui en commercialisent, « le produit étant plus présent sur internet à 14,90 euros ».
Opposition collective née d’action individuel
Il y a quelques jours, la confédération nationale des buralistes français a partagé un communiqué à ses confrères pour mettre en place une action collective. Pour Erwan Garcia Recio, directeur de la communication à la Confédération, « le but est que Sniffy soit introuvable dans nos tabacs, comme en Haute-Garonne où il est introuvable ». Mais, bien avant cet appel au boycott, les buralistes ont souhaité défendre leur éthique et leurs valeurs. Souvent mal vus, vendant des cigarettes aux mineurs, commercialisant des puffs dorénavant interdits… Les gérants de bureau de tabac souhaitent montrer que la protection des jeunes est au cœur de leurs préoccupations, notamment face aux dangers des drogues. Si, Gérard Maury, président de la fédération des buralistes de l’Ariège insiste sur le côté « commerce indépendant », il ajoute notamment que « les buralistes n’ont pas besoin d’une action commune, comme une manifestation ou une grève. Nous ne nous sommes pas demandé qui est pour ou contre, toute est une question de conscience et d’image que nous sommes sensé partagée… Ce n’est pas un buraliste qui a appelé au boycott, mais bien, en majorité, tous ensemble, au même moment, que nous avons refusé de le vendre ».
Des études sanitaires comme ultime recours
Depuis quelques jours, Frédéric Valletoux, ministre délégué chargé de la santé et de la prévention, ainsi que le député (Parti socialiste) de l’Essonne Jérôme Guedj, affirment être en pleine étude des moyens juridiques pour « interdire ce type de choses ». Les politiques souhaiteraient utiliser l’article L3421-4 du code de la santé publique qui punit le fait de présenter l’usage illicite de stupéfiants « sous un jour favorable » (cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende).
Néanmoins, pour les avocats en droit pénal, comme Raphaël Tort-Bourgeois, « Le geste et la forme [liés à] cette substance s’apparente à de la prise de stupéfiant, mais je ne vois pas comment cela pourrait être interdit, vu que les composants ne sont pas prohibés ». « C’est le volet sanitaire et médical qui pourrait faire interdire ce produit, pas le côté pénal lié aux stupéfiants », ajoute-t-il, car, sur leur site, le fournisseur Sniffy recommande « de commencer par de petites doses », « d’augmenter au fur et à mesure », de ne pas dépasser « la dose quotidienne recommandée », qu’il estime à 2 grammes par jour, soit l’équivalent de deux fioles, et d’éviter toute interaction avec de l’alcool ou des médicaments. Des limitations qui ne reposent sur rien de scientifique, mais servent juste à se protéger du point de vue juridique, jugent les addictologues.
Écrit par: Klervie Vappreau
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