Reportage. Théâtre : les cahiers de doléances de l’Aude ont pris vie à Carcassonne

Mis à la disposition du public suite à la crise des Gilets Jaunes, les cahiers de doléances, restés inutilisés depuis 2019, ont été restitués sous forme de lecture théâtralisée le 6 décembre à Carcassonne. Une initiative du Comité Économique, Social et Environnemental (CESE) soutenue par le Département de l’Aude. Reportage.

Après près de cinq ans d’archivage, les cahiers de doléances du département de l’Aude, issus du mouvement des Gilets jaunes en 2019, ont été dévoilés au public pour la première fois le 6 décembre à l’Hôtel du Département.

Le Comité Économique, Social et Environnemental (CESE) de l’Aude a choisi de restituer ces contributions citoyennes sous la forme d’une lecture théâtralisée, intitulée Cahiers de Doléances, Rêves et requêtes populaires, réalisée par trois comédiens et un musicien : Mélanie Prochasson, Valérie Muzzeti, Laurent Soffiati et Alexis Palazzotto à l’accordéon.

Une représentation rendue possible après un travail de synthèse et d’anonymisation effectué par le CESE en collaboration avec les Archives départementales. Il s’agit d’une initiative du président du CESE, Jacques Galantus, et de la présidente du département, Hélène Sandragné.

Des cahiers oubliés

Cela fait cinq ans que les cahiers ont été récupérés par les communes, et depuis, plus de nouvelles. « Comme tout le monde, je les avais oubliés », avoue Jacques Galantus.

Pourtant, ils ne sont pas difficiles à trouver, puisqu’ils ont été inventoriés par les Archives départementales et, surtout, sont consultables librement, à l’exception des cahiers où du contenu a été ajouté après leur arrivée aux archives. Dans ce cas, un délai de 50 ans protège la vie privée des individus.

La présidente du département, Hélène Sandragné, évoque avec regret le temps perdu concernant ces cahiers. « On dit que les Français ne sont pas prêts pour la transition écologique, c’est faux. Les gens ne s’intéressent pas à la politique ? Ce n’est pas vrai du tout. On s’en rend compte quand on lit les cahiers », explique Jacques Galantus.

Les textes des cahiers n’ont d’ailleurs pas laissé les Audois et les Audoises indifférents.

Un moment riche en émotions

Durant la représentation, les doléances ont défilé, portées par les voix des artistes. L’émotion était palpable dans la salle. Un débat a suivi le spectacle, ponctué par un tonnerre d’applaudissements de la part des quelque 200 spectateurs, témoignant leur gratitude envers les comédiens.

Jacques Galantus, qui a lu les 95 cahiers pour initier ce projet, a exprimé son émotion lors de la lecture et du spectacle. « C’est poignant. Je ne m’attendais pas à ce que ce soit aussi fort, et même en connaissant les textes, le spectacle reste émouvant. C’est un objet culturel important et un véritable moment de débat », a déclaré le président du CESE.

Un spectacle certes émouvant, mais aussi empreint de moments de légèreté et d’humour, grâce au long travail des artistes qui se sont approprié les textes pendant plusieurs mois. « Il y a parfois du ras-le-bol, des revendications, de l’espoir. Ce qui peut être drôle, ce n’est pas forcément le texte, mais la façon de l’interpréter », précise Mélanie Prochasson, comédienne.

De son côté, Valérie Muzzeti explique qu’il y a « des passages vraiment drôles, beaucoup de rêves », tandis que Laurent Soffiati met l’accent sur « un devoir de sincérité envers les spectateurs ».

Le Département de l’Aude a souhaité rendre les cahiers de doléances accessibles à tous. Désormais numérisés, ils sont consultables sur le site du département depuis le 6 décembre.

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Florian Cibot