À la une

Pyrénées. Pour l’association Ferus, les 100 ours brun ne suffisent pas à garantir l’avenir de l’espèce

today9 avril 2025 à 13h01

share close

Après la publication des dernières données sur l’évolution de la population d’ours brun dans les Pyrénées par l’Office Français de la Biodiversité, l’association de défense des grands prédateurs FERUS critique une nouvelle fois l’État, qu’elle accuse de rester en retrait face aux enjeux liés à la réussite durable de la réintroduction de l’espèce.

Ourse et ses deux oursons, moins de deux ans, le 9 avril 2024 à Seix, en Ariège (Crédits : Office Français de la Biodiversité).

L’annonce a de quoi réjouir les défenseurs de la faune sauvage : la population d’ours bruns dans les Pyrénées vient de franchir le seuil symbolique des 100 individus. C’est ce que révèle le dernier rapport de l’Office Français de la Biodiversité (OFB), publié le 3 avril 2025. Mais du côté de l’association Ferus, qui milite pour la protection des grands prédateurs en France, l’heure n’est pas à l’autosatisfaction.

Dans un communiqué publié le 7 avril, l’association souligne que ce chiffre reste purement symbolique, sans véritable portée scientifique. Car derrière la progression apparente de la population, les fragilités demeurent nombreuses d’après l’association nationale pour la défense et la sauvegarde des grands prédateurs : « Il reste un long chemin vers la viabilité », prévient Ferus, pointant notamment la persistance d’une consanguinité préoccupante (une préoccupation relevée dans le rapport) et un déséquilibre dans la répartition géographique des ours.

L’aire de répartition des 2 noyaux de reproduction continue de s’étendre, en particulier en Pyrénées Centrales, mais seulement en direction de l’Est (Haute-Ariège) et du Sud (Catalogne espagnole). Ces 2 noyaux restent malheureusement séparés, avec aucune femelle reproductrice entre eux, la vallée de la Garonne semblant jouer un rôle d’obstacle.

Association FERUS, communiqué de presse du 7 avril 2025.

L’association critique surtout l’inaction de l’État, accusé de ne pas avoir respecté les engagements du plan ours 2018-2028.

L’Etat jugé trop en retrait

Ferus critique notamment le non-respect de certains points du plan en matière de lâchers d’individus pour diversifier le patrimoine génétique. D’autant que la population « efficace » (c’est-à-dire le nombre d’ours réellement aptes à assurer une reproduction saine) resterait bien inférieure au seuil des 50 individus qui figure dans le plan ours. Elle était même « inférieure à 10 individus d’après les dernières études de l’OFB », fait remarquer l’association. Aucune donnée actualisée n’a pour l’instant été communiquée.

Pour l’organisme, les différents gouvernements se sont contentés de repousser le problème, sans mettre en œuvre les mesures nécessaires à une conservation durable : « la stratégie consiste à refiler la patate chaude au gouvernement suivant », ironise Ferus, qui redoute un « inévitable éclatement » si aucune action concrète n’est engagée à l’avenir.

Écrit par: Melvin Gardet

Rate it