Près de quatre semaines d’audience se sont écoulées depuis l’ouverture du procès Jubillar. Ce mercredi matin, Maître Malika Chmani et Maître Laurent Boguet, avocats des enfants Jubillar, ont présenté leur plaidoirie devant la cour. Cet après-midi, ce sera au tour de l’avocat général de prononcer ses réquisitions. Suivez le déroulement en direct sur Pyrénées FM.
15h56 – L’avocat Général Maître Nicolas RUFF : »Je me souviens de Me Martin lorsqu’il a été question du téléphone de Delphine activé à 6h52. Il dira : « On ne s’intéresse pas au téléphone. » Et si on s’y intéresse — l’expertise réseau — dit que le téléphone reste immobile la majorité du temps. Il a pu bouger à 22h53, à 23h48 et à 1h33. Mais cela ne signifie pas nécessairement qu’il a bougé. Où était Delphine à 22h53 ? Dans son salon. Le téléphone a pu bouger… comme il a pu rester immobile.
15h38 – L’avocat Général Maître Nicolas RUFF : »On vous dira que Cédric Jubillar il faut le croire , croire qu’on a créé des preuves contre lui, le sens du stationnement du véhicule…
15h26 – L’avocat Général Maître Nicolas RUFF : « Cédric Jubillar, en mentant, tente de s’accorder un répit… sauf qu’à un moment, ça ne tient plus. Il le fait auprès de sa sœur, de Séverine L. On vous dira qu’il ironise sur sa situation, qu’il a une grande bouche. Mais il y a une autre manière de voir les choses : qu’il se libère, il se soulage…. Et puis il y a la détention. L’administration pénitentiaire, en le plaçant à l’isolement, l’a fait pour le protéger des autres détenus. On dit que ce placement à l’isolement est intolérable. Je ne suis pas loin de le penser moi aussi… mais en attendant, aucun recours n’est fait. Et je crois que ça arrange la Défense : ainsi, il ne fait aucune révélation. »
15h22 – L’avocat Général Maître Nicolas RUFF : « On va vous dire qu’il n’est pas assez intelligent pour dissimuler un corps pendant des années et des années. Faut-il être intelligent pour ça ? Non. Il faut juste avoir du sang-froid… et ça, il en a. Comme si un accusé ne pouvait pas rester constant dans le mensonge. »
15h15- L’avocat Général Maître Nicolas RUFF : « Dire qu’il n’y a rien dans ce dossier c’est ne pas vouloir voir le comportement de Cédric au matin »
15h13 – L’avocat Général Maître Nicolas RUFF : » Cette voisine, elle est constante sur les aboiements ; pour le reste, elle n’est sûre de rien. Sa fille, en revanche, elle, elle est certaine.Mais dans ce quartier, est-ce qu’une autre femme a disparu ? Ou a été agressée ? Non. Aucune femme ne peut dire avoir été agressée. À 23h07, c’est bien Delphine Aussaguel que l’on entend se faire agresser. On pourrait vous dire que cela ne devait pas être une agression violente… Mais le drame, c’est qu’elle ne pouvait pas savoir qu’il s’agissait de Delphine Aussaguel qui était en train de se faire tuer. »
15h07 – L’avocat Général Maître Nicolas RUFF : »Dire que ce dossier est vide, c’est refuser de voir que ce qui s’est passé dans ce salon s’est terminé ailleurs. Il y a les aboiements des chiens, les cris que sa voisine a entendus… Je pense que vous avez compris : est-ce Delphine Aussaguel ou pas ? Je ne reviendrai pas sur la trame ni sur le débat. »
15h04 – L’avocat Général Maître Nicolas RUFF : « Cette expertise nous montre que ces lunettes ont été brisées par un coup violent. Et pourquoi cette expertise a-t-elle eu lieu ? Elle intervient en janvier 2022, après un interrogatoire où l’on pose pour la première fois cette question. Là, il déclare que les lunettes étaient déjà cassées… Alors on confronte ses déclarations avec les faits. »
15h00 – L’avocat Général Maître Nicolas RUFF : « Dire qu’il ne s’est rien passé ce soir-là, c’est refuser de voir les traces du crime. Je pense aux lunettes. Il ne s’est pas contenté de lui crier dessus ou de lui demander de baisser les yeux : il est allé plus loin… et nous savons qu’il en est capable. Ces lunettes, on les retrouve éparpillées dans la cuisine. »Il sait que c’est un élément qui va fortement l’incriminer, alors il ne se souvient plus. Il est de mauvaise foi »
14h54 – L’avocat Général Maître Nicolas RUFF : « Dire que ce dossier est vide, c’est ne pas vouloir voir que ce soir du 15 décembre, on est passé des menaces aux actes, que Cédric Jubillar est sorti de sa chambre après 23h45 »
14h52 – L’avocat Général Maître Nicolas RUFF : »S’il y a bien un soir où tout bascule, où il y a des mots qui tuent comme on dit, c’est celui du 15 décembre. Ce soir-là, Delphine n’a pas d’autre choix. Elle avait peur de parler à Cédric de son départ… et elle avait raison. »
14h48 – L’avocat Général Maître Nicolas RUFF : Lui vous dit qu’ils ont eu quelques relations sexuelles… Oui, je pense qu’il dit la vérité, et que Delphine, elle, n’a pas tout dit à Donat Jean. Combien de femmes ont des relations avec leur compagnon juste pour avoir la paix ? Mais cela relance la machine pour Cédric Jubillar. Le divorce devient un horizon plus lointain. Et que se passe-t-il ce jour-là ? Jean Donat M. officialise sa volonté de rompre avec sa femme. Ce 15 décembre, elle n’a plus le choix. Elle doit assumer ce départ auprès de son mari : elle ne peut plus dire qu’il s’agit simplement d’un ami ou d’un amant, mais bien de l’homme de sa vie. Elle se retrouve dans une impasse, contrainte d’assumer la nature de cette relation, car ne pas le faire serait trahir Donat Jean M.
14h42 – L’avocat Général Maître Nicolas RUFF : »Dire que ce dossier est vide, c’est refuser de voir qu’il se focalise sur un jour précis : le 15 décembre. Ce n’était pas une soirée comme les autres. Delphine était sur le point de partir, elle venait d’acheter une voiture, elle avait officialisé sa relation auprès de la femme de Donat Jean, et elle avait acheté du vin pour célébrer l’espoir d’une vie commune qui se profilait. C’est une séparation qui fait souffrir Cédric Jubillar. »
14h40 – L’avocat Général Maître Nicolas RUFF : »L’absence de corps n’empêche pas la justice de fonctionner. On peut poursuivre, on peut condamner — et on doit condamner lorsque les éléments convergent. »
14h38 – L’avocat Général Maître Nicolas RUFF : »Delphine ne reviendra pas. Cette absence laisse une trace indélébile. »
14h35 – L’avocat Général Maître Nicolas RUFF : Delphine Aussaguel aimait profondément ses enfants. Elle aimait Elyah. Ce n’est pas elle qui l’a traitée d’“handicapée” — c’est lui. Ce n’est pas elle qui frappait Louis — c’est lui.
14h30 – L’avocat Général Maître Nicolas RUFF : La déduction, elle, est utilisée. Déduire, ce n’est pas une dérive — c’est l’essence même de la logique judiciaire. On vous dira qu’il faut avancer uniquement avec des preuves absolues. Mais la justice ne fonctionne pas ainsi. Elle repose aussi sur des regroupements, sur des indices qui, une fois réunis, forment un faisceau d’indices . On va vous dire, et vous redire, que ce dossier est vide, qu’il n’y a pas de preuve. Vide ? Tellement vide qu’on a fait venir plus de trente témoins à la barre.Le seul vide, Mesdames et Messieurs, c’est celui laissé par le corps de Delphine Aussaguel. ette absence de corps a pu faire naître des espoirs — l’espoir qu’elle soit encore en vie.
14h25 – L’avocat Général Maître Nicolas RUFF : « Je sais ce qu’est la détention. J’y vais depuis dix ans, et c’est un lieu que je déteste — je déteste ses odeurs, je déteste la manière dont on y traite les détenus. Mais quand je me lève pour requérir, j’ai tout cela en tête. On aurait pu donner du crédit à ce faux expert, vous dire que le travail des gendarmes a été parfait — mais ce n’est pas vrai. Il y a ce tableau, et cette erreur insupportable. S’il y a bien un endroit où il ne fallait pas la commettre, c’était ici.Tout ce que nous voulons, c’est que Cédric Jubillar soit bien jugé. Vous êtes là pour vous forger une intime conviction que vous ferez sur un raisonnement déductif »
14h21- L’avocat Général Maître Nicolas RUFF : « Si l’on avait réellement voulu parler du fond, il aurait fallu faire venir les magistrats instructeurs, le procureur d’Albi — oui, ceux-là mêmes qui n’ont jamais pris la parole dans la presse.Vous avez mis en cause le travail des gendarmes… mais qui contrôle les gendarmes ? On cherche à instiller le doute, à créer une forme de suspicion — à vous faire croire que nous appartenons à une caste qui se moquerait de la vérité, qui ne serait là que pour faire condamner Cédric Jubillar.C’est faux. Totalement faux. »
14h15 – L’avocat Général Maître Nicolas RUFF : « Je garde en tête cette photo des deux enfants, et cette lettre qui s’est retrouvée dans la presse. Celui qui a transmis cela à un journaliste, je le dis clairement : je trouve ça écœurant. Louis, ce n’est pas une “pute à clics”. J’avais cru que l’ouverture de ce procès serait l’occasion d’en finir avec cette médiatisation à outrance, de retrouver un peu de dignité dans tout cela. »
14h08 – L’avocat Général Maître Nicolas RUFF : « Pendant ces trois semaines et demie, nous avons été étouffés sous le poids des émotions. Cette affaire, vous en avez entendu parler encore et encore — dans vos familles, parmi vos amis — jusqu’à ne plus savoir quoi en penser. Et pourtant, c’est à vous qu’il revient de juger. Derrière ce dossier, il y a eux : Louis, Elyah, Delphine Aussaguel et Cédric Jubillar. Il vous faudra faire abstraction de certaines choses — de ce que peut engendrer une telle médiatisation, parfois la pire. Cette admiratrice de Cédric Jubillar présente chaque jour, cette file d’attente comme à l’entrée d’un spectacle… tout cela, il faut l’oublier. Moi, ce que je garde en mémoire, c’est la première fois que Stéphanie Medge est venue à la barre. Elle est venue, toute en retenue. Elle n’a pas versé une larme, et pourtant, j’ai failli en verser une. Ses mains, à elles seules, disaient son émotion. J’ai aussi en tête cette horde de journalistes qui entoure Cédric Jubillar, comme s’il s’agissait d’une bête de foire »
14h05 L’avocat Général Maître Nicolas RUFF – Je me suis dit : fais simple. Explique pourquoi tu descends dans l’arène, pourquoi tu choisis de ne pas rester à côté du ministère public, là-haut. On m’a conseillé d’y rester, on m’a dit : « Notre place est là-haut. » Ils ont peut-être raison. Mais après réflexion, j’ai voulu être ici, devant vous, pour vous parler directement, à vous et uniquement à vous. Je veux vous expliquer les raisons qui m’ont conduit à affirmer que Cédric Jubillar est coupable du meurtre de Delphine Aussaguel.
14h – La présidente et les jurés sont entrés dans la salle d’audience