Ariège

Procès Jubillar : le verdict est tombé, 30 ans de réclusion pour Cédric Jubillar.

© Les avocats de Cédric Jubillar - photo S. Leborne.

Après plus de trois semaines d’audience devant la cour d’assises du Tarn-et-Garonne, le verdict est tombé. Cédric Jubillar a été condamné à 30 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de son épouse Delphine, disparue dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020. Dans ce procès où il n’y a ni corps, ni aveu, la vérité s’est peut-être jouée dans les mots. Les avocats ont, chacun à leur manière, tenté d’incarner la justice — qu’elle soit compassion, colère, ou doute.

Quatre ans d’attente, un procès hors norme

Il aura fallu presque cinq ans d’enquête, d’expertises et de débats pour en arriver à ce moment décisif. Depuis la nuit du 15 au 16 décembre 2020, où Delphine Jubillar, infirmière et mère de deux enfants, s’est volatilisée de son domicile de Cagnac-les-Mines, aucune trace d’elle n’a été retrouvée.

Dès les premiers jours, les enquêteurs s’interrogent sur le rôle de son mari, Cédric Jubillar, plaquiste alors âgé de 33 ans. Le couple, en instance de séparation, traversait une période de tensions intenses : Delphine avait un nouveau compagnon, projetait de déménager, et les échanges au sein du foyer étaient devenus explosifs.

En juin 2021, Cédric Jubillar est mis en examen pour meurtre aggravé sur conjoint et incarcéré. Depuis, il clame son innocence, dénonçant un « acharnement » et un « dossier vide » , aujourd’hui, l’homme âgé de 37 ans vient d’être condamné à 30 ans pour meurtre sur conjoint.

Les mots forts des plaidoiries avant le verdict

Au terme de quatre semaines d’un procès hors norme, les avocats ont livré leurs dernières plaidoiries devant la cour d’assises du Tarn. Entre émotion, conviction et affrontement oratoire, les mots ont résonné dans la salle d’audience d’Albi avant que les jurés ne se retirent pour délibérer. Retour sur ces phrases marquantes qui ont cristallisé les positions, à la veille du verdict.

La défense : le doute comme ultime rempart

Face à une accusation fondée sur des indices mais dépourvue de preuves matérielles, les avocats de Cédric Jubillar ont tenté de réintroduire le doute, rappelant que la justice ne pouvait se prononcer sur des suppositions. Me Emmanuelle Franck, dans une plaidoirie empreinte d’émotion et de colère contenue, a dénoncé la mise en scène médiatique d’une douleur intime, celle de la mère de Delphine :

« Que penser d’une mère qui vient dire toute la douleur qui est la sienne — une douleur tellement difficile qu’on la rejoue au journal de 20 heures et sur les plateaux télé ? »

Une manière pour la défense de souligner le poids de la médiatisation dans cette affaire, et de questionner la frontière entre empathie et instrumentalisation de la souffrance. Son confrère, Me Alexandre Martin, a choisi le ton solennel pour rappeler la mission des jurés :

« Non, vous ne pouvez pas condamner Cédric Jubillar. Au contraire, votre devoir vous dicte de l’acquitter. »

Selon lui, le dossier ne repose sur aucune certitude : ni corps, ni scène de crime, ni aveu. Il appelle à juger selon la loi et non selon l’émotion.

Les parties civiles : la voix des absents

Face à cette ligne de défense, les avocats des proches de Delphine ont plaidé pour la reconnaissance de la vérité du silence, celle d’une femme effacée dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020. Me Laurent Boguet, avocat des deux enfants du couple, a livré l’un des moments les plus poignants du procès :

« Il ne l’a pas seulement tuée, il l’a étranglée pour la faire taire, il l’a effacée en faisant disparaître le corps. Rendez-leur Delphine ! »

Un cri du cœur pour des enfants privés de leur mère, et une accusation directe contre Cédric, présenté comme l’auteur d’un crime conjugal total : celui du meurtre et de l’effacement. Me Sofya Akorry, qui représente Anne S., la nouvelle compagne de l’amant de Delphine, a quant à elle choisi la sobriété et la retenue :

« Je suis convaincue que défendre nos clients, c’est museler nos égos, porter leur voix à eux et pas la nôtre. »

L’accusation : la faille de l’innocence

Enfin, Me Battikh, représentant d’une des parties civiles, a cherché à percer la posture de Cédric Jubillar, décrivant un homme prisonnier de son propre mensonge :

« Il ne peut pas hurler son innocence, car il n’a pas le script de l’innocence. »

Une phrase cinglante, devenue emblématique de la plaidoirie de l’accusation, qui dépeint Cédric comme un homme dissimulant sa culpabilité derrière le mutisme et l’ironie.

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