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Procès de la mort de l’ourse Caramelles : les associations réclament plus de 460 000€ de préjudices

today19 mars 2025 à 14h09

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L’atmosphère était lourde ce mercredi matin, dans la salle d’audience du tribunal judiciaire de Foix (Ariège). Pour la deuxième journée consécutive, seize chasseurs comparaissent pour leur implication dans la mort de l’ourse Caramelles, tuée lors d’une battue au sanglier dans la réserve domaniale protégée du Mont Valier, le 21 novembre 2021. Les avocats des parties civiles ont plaidé, ce ce mercredi 19 mars. Les nombreuses associations de défense de la faune sauvage réclament au total plus de 460 000 euros de préjudices moral, matériels et écologiques.

« Ce n’est pas facile d’être le fils de l’homme qui a tué le gentil ours »

Pour rappel, l’octogénaire comparaît aux cotés de 15 autres chasseurs, pour avoir chassé dans une zone strictement interdite et pour la « destruction d’une espèce protégée ». Dans le massif pyrénéen, l’ours brun reste en effet une espèce gravement menacée, malgré les efforts de réintroduction et de restauration engagés depuis les années 1990.

Au cœur du procès, le témoignage d’A.Rive, 81 ans, auteur des tirs mortels sur l’animal a fait l’objet de plusieurs réactions, hier après-midi. Face au tribunal, l’octogénaire a détaillé les circonstances : « Elle m’a attrapé la cuisse gauche, j’ai paniqué et tiré un coup de carabine. Elle a reculé, puis m’a contourné et m’a mordu le mollet droit. Je suis tombé, elle me dévorait la jambe. J’ai réarmé ma carabine et j’ai tiré ». Placé sous contrôle judiciaire depuis trois ans, le retraité a confié ce mercredi matin, vivre cette procédure comme un fardeau, pour lui et sa famille : « On m’a traité comme un criminel. Mes enfants et petits-enfants sont traumatisés. Ce n’est pas facile, surtout à l’école, d’être le petit-fils de l’homme qui a tué le gentil ours. Trois ans et demi de punition… aujourd’hui, je suis soulagé que ce procès ait enfin lieu. »

16 prévenus sur le banc des accusés

16 chasseurs attendent de connaitre le montant des préjudices photo SL

Ils sont préparateur en pharmacie, prothésiste dentaire, infirmier, pompier volontaire, surveillant pénitentiaire, chauffeurs ou accompagnateur en montagne : sur le banc des prévenus, 16 chasseurs attendent de connaitre le montant des préjudices. Des retraités pour un bon nombre. Parmi eux, M.Orengo, inventeur de la célèbre « georgette » et président d’une association organisatrice des classes découvertes en montagne, déplore des relations tendu avec l’ONF depuis l’incident.

« Non, l’ONF n’est pas l’ennemi des chasseurs »

« L’ONF n’est pas à l’origine des poursuites pénales », a tenu à rappeler Me Michaël Malka-Sebban, avocat de l’Office national des forêts, lors de cette deuxième journée d’audience au tribunal de Foix. « Oui, l’ONF a déposé plainte en s’associant à la procédure par voie d’intervention, mais elle ne l’a pas initiée, et aujourd’hui, ce n’est pas le procès n’est pas celui de l’ONF », insiste-t-il. L’avocat a souligné également que tous les représentants de l’Office avaient été entendus au cours de l’enquête. « L’ONF n’est pas l’adversaire des chasseurs. Mais parmi ses missions figure la gestion des forêts domaniales. L’ONF ne nourrit aucune animosité envers les chasseurs, mais on ne chasse pas dans ces réserves protégées. ». L’avocat a par ailleurs pointé du doigt un élément de taille : « M. Rive a été retrouvé à une heure de marche à l’intérieur de la réserve. C’est tout de même inquiétant qu’on puisse ignorer à ce point, se trouver en zone protégée. ».

Me Andrea Rigal Casta et Me Ruffié avocats des parties civiles photo SL

« Pourquoi la fédération de chasse ne vous a pas formé pour réagir en conséquence ? », Me Julie Rover

Plusieurs associations, dont l’ours, Ferus, France nature environnement, l’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas), ou One Voice dénoncent notamment le manque de vigilance des chasseurs de l’ACCA de Seix. Me Julie Rover, Avocate de 12 associations a rappelé que la présence de l’ourse Caramelles dans le Mont Valier était connue de tous, et a pointé du doigt les manquements de la fédération de chasse de l’ariège.

« Cet attentisme permanent, cette incapacité à reconnaître ses erreurs… Quand l’Office français de la biodiversité contrôle, ça ne va pas. Quand il ne contrôle pas, ça ne va pas non plus (…). Au lieu de pointé du doigts l’ONF, pourquoi la fédération de chasse ne vous a pas formé pour réagir en conséquence ? (…). Cela fait vingt ans que cette ourse occupe ce secteur du Mont Valier, on ne peut pas être un chasseur de l’ ACCA de Seix et ne pas être au courant de la présence de l’ours dans la montagne (…). C’est regrettable car ce n’est pas la première fois qu’un ours est tué . En 1994 l’ours Claude, en 1997 l’ours Melba, 2004 l’ours Cannelle, en 2021 l’ours Sarous en Espagne, bref, 8 ours en 20 ans », a rappelé Me Julie Rover, avocate de 12 associations.

L’ensemble de associations réclament au total plus de 460 000 euros de préjudices moral, matériels et écologiques.Le procureur de la république Olivier Mouysset doit présenter ses réquisitions cet après midi.

Écrit par: Stephanie Leborne

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