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Le tribunal administratif de Toulouse a décidé de suspendre les travaux de l’autoroute A69, qui doit relier Castres à Toulouse. Cette décision, qui repose sur des considérations environnementales, a suscité des réactions contrastées entre les associations écologistes, l’État et les élus locaux.
Le tribunal administratif de Toulouse a annulé l’arrêté préfectoral autorisant le chantier de l’A69 le 27 février 2025. Ces travaux qui ont commencé en mars 2023 ne cessent de faire débat depuis. Dès leur commencement, 14 associations ont déposé une demande d’annulation de l’autorisation environnementale délivrée par la Préfecture d’Occitanie le 1er mars de la même année. Cette autoroute devant relier Toulouse et Castres serait un frein à la protection de la biodiversité selon eux. Un avis partagé par la rapporteuse publique, Mona Rousseau, qui a demandé deux fois l’annulation totale de cet arrêté préfectoral.
« L’A69 et l’élargissement de l’A680 n’ayant que des bénéfices de portée limitée, il n’y a pas de nécessité impérieuse à les réaliser, et les arguments présentés en faveur de ces projets ne justifient pas qu’il soit dérogé à l’objectif de conservation des habitats naturels, de la faune et de la flore sauvages. »
Mona Rousseau
De quoi rassurer Jean Olivier, président de l’association des Amis de la Terre Midi-Pyrénées, qui n’a jamais douté des arguments juridiques des associations opposées au projet.
« Je n’avais aucun doute sur le fait que c’était la seule décision qu’ils pouvaient prendre. C’est enfin le droit de l’environnement et la protection de la biodiversité reconnue à sa juste valeur », se réjouit Jean Olivier. Malgré cette confiance, l’arrêt de ce chantier est une première en France, et un jour à marquer d’une pierre blanche pour les anti-A69. C’est bel et bien la première fois qu’un projet d’infrastructure d’une telle envergure est interrompue par un jugement et non une décision politique.
Il estime à ce sujet que cette décision de justice est le signe « que le dossier était tellement mauvais que les juges n’avaient pas d’autre solution que de le juger illégal. Mais ça traduit aussi que les promoteurs ont tellement l’habitude de passer en force sans que la justice disent le droit, qu’ils finissent par monter des dossiers de plus en plus mauvais. »
Cette décision vient donc conforter les opposants dans leur bataille et dans les nombreuses actions de contestation mises en place depuis près de deux ans, date à laquelle a commencé sur le chantier. Elle crée aussi l’incompréhension chez de nombreux anonymes, bien au fait de l’avancement des travaux au regard des quelques 300 millions d’euros dépensés.
À cette date, d’après les services de l’Etat, les travaux ont effectivement bien avancé. 70% des ouvrages d’art ont été réalisés et près de la moitié du terrassement. Une situation qui ne préoccupe pas le président des Amis de la Terre Midi-Pyrénées : « La justice n’a pas à se préoccuper de cet aspect-là. Le promoteur de l’autoroute a pris un risque en débutant le chantier avant d’avoir épuisé tous les recours en justice ».
Carole Delga, qui défend ce projet depuis le début, n’est pas du même avis et n’a pas attendu que les 400 militants se réunissent sur la place du Capitole, à Toulouse, le 27 février au soir, pour exprimer son mécontentement face à cette décision.
La Présidente de la Région Occitanie a réagi au jugement du tribunal administratif de Toulouse en déclarant « prendre acte de cette décision. » Elle considère toujours cette autoroute « nécessaire pour les habitants et entreprises du sud du Tarn » et se montre désormais inquiète quant au millier de salariés qui travaillent sur le chantier et dont l’emploi est à présent menacé.
Une crainte que le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc évoque également : « La conséquence de cette décision met en danger tous les projets significatifs en France à l’heure où notre pays doit se réindustrialiser et où l’emploi doit être soutenu. » Le Maire de Toulouse trouve cette décision irresponsable et la conteste.
Les élus locaux ne sont pas les seuls à être contre cette suspension du chantier. Dans un communiqué, la préfecture d’Occitanie a déclaré vouloir faire appel en demandant un sursis à exécution de la décision du tribunal administratif, ce qui pourrait permettre de reprendre les travaux en attendant la décision en appel prévue au plus tôt dans cinq mois.
Le Ministre chargé des Transports Philippe Tabarot soutient cette demande et rappelle que « la liaison autoroutière entre Castres et Toulouse a pour objectif d’offrir une accessibilité autoroutière répondant aux besoins de l’économie locale et de la population. » Il a d’ailleurs qualifié cette décision « d’ubuesque » à un moment où ATOSCA, la société de concession destinée à cette autoroute, a avancé le chantier de deux tiers.
Suspension du chantier de l'A69: "Ce projet doit aller jusqu'au bout" soutient Philippe Tabarot, ministre des Transports pic.twitter.com/IFP5b0fYEk
— BFMTV (@BFMTV) February 27, 2025
Martial Gerlinger, directeur général d’ATOSCA, à rapidement réagi au délibéré du tribunal administratif de Toulouse. S’il a d’abord rappelé sa fierté et celle de ses partenaires dans la mise en œuvre de ce projet d’utilité publique, il s’est aussi exprimé sur les suites à donner à cette décision de justice.
ATOSCA mettra tout en œuvre à court terme pour limiter les impacts de la décision de justice sur le millier de personnes pour la plupart originaires du Tarn et d’Occitanie employées sur le chantier, en préservant avant tout leurs droits et leur sécurité dans un contexte exceptionnel au regard de l’ampleur des travaux déjà réalisés
Martiel gerlinger, directeur général d’atosca
Le directeur général a, enfin, tenté de rassurer les salariés engagés sur le chantier, majoritairement originaires du Tarn et d’Occitanie. Il dit souhaiter limiter l’impact de cette décision en préservant leurs droits et leur sécurité.
En attendant de savoir qu’elle sera l’issue de ce revers inédit, seule une chose est sûre : la reprise du chantier, si elle a lieu, va se faire attendre plusieurs mois.
Jade David
Écrit par: Melvin Gardet
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