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Meurtre sur fond d’adultère à Lavelanet : « Je veux leur demander pardon »

today16 mai 2024 à 21h24 1

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Les assises de l’Ariège se poursuivent ce jeudi avec le procès de Patrick.J, incarcéré depuis 4 ans à la maison d’arrêt de Foix pour le meurtre commis sur son beau frère, le 13 avril 2020 à Lavelanet. L’homme est accusé d’avoir roulé mortellement sur son beau-frère de manière préméditée. En effet, après l’avoir renversé, le chauffard a fait marche arrière pour lui rouler dessus une nouvelle fois. Les raisons de cet acte criminel ? Une suspicion d’adultère commis par sa compagne avec qui les relations étaient conflictuelles au moment du drame.

Trois suicides dans la même famille 

« La première chose pour moi qui est importante à dire, c’est que je veux leur demander pardon ». Patrick.J. donne le ton. Le regard fixe, la tête baissée, l’homme qui a pris place ce jeudi 16 mai 2024 dans le box des accusés est abattu. Placé en détention depuis le 15 avril 2020, Patrick J, comparait blessé avec le bras gauche plâtré et en écharpe, dont on apprendra qu’il résulte d’une tentative de suicide dans sa cellule. De cette première journée, la cour aura tenté de cerner son profil psychologique. En effet, différents experts et psychologues ont tour à tour dressé le portrait de Patrick. J. Une tâche rude au regard de la liste de ses nombreux traumatismes.

Décrit par tous ses proches comme un homme gentil, travailleur, sérieux, Patrick.J, âgé de 28 ans au moment des faits, essaie aujourd’hui, tant bien que mal, de se remettre du dernier suicide familial. « Il y a une malédiction dans cette famille, explique l’oncle de l’accusé, Patrick c’était un gosse à l’ancienne, avec lui une parole c’est une parole. C’est un travailleur, sérieux, ponctuel. Il s’était créé un monde avec cette femme, il a eu une perte de contrôle ».

Issu d’une fratrie de 4 enfants, ce lavelanétien relate une jeunesse paisible, « dans une famille modeste mais unie », qui va toutefois devoir faire face à une série de drames, dont certains semblent tirés d’un mauvais scénario. A l’âge de 11 ans, Patrick sera confronté au suicide de son frère ainé. Et c’est à l’âge de 17 ans que sa première relation amoureuse tourne à l’impensable, en effet, le jeune homme sera poignardé dans le dos – au sens propre – par son premier amour de jeunesse, lors d’un rapport sexuel. A 21 ans, le jeune homme devra surmonter le suicide de son père, puis le dernier en date, celui de sa soeur en 2023, alors qu’il est en détention: « Ma soeur, c’était la colonne vertébrale de la famille, lance le jeune homme, c’était le pilier, et cette fois la coupe est elle trop pleine. Depuis son suicide, j’ai un bloquage pour parler, pour sortir de ma cellule , je regarde le plafond, je fume cigarette sur cigarette, je me sens inutile ».

Pour les différents psychologues, Patrick.J, a construit une relation fusionnelle avec sa compagne, une histoire dans laquelle il se réfugie pour surmonter ses peines. Pour Magalie Oustrain, Psychologue qui a rencontré l’accusé en unité hospitalière, le jeune homme « a une image défavorable de lui-même »: « C’est effectivement souvent présent dans les proches de personnes qui se suicident. Ils pensent ne pas être suffisamment ‘aimables’ « . Persuadé d’avoir été abusé et trompé par sa femme, l’accusé confiera avoir eu une sensation de harcèlement de la part de la victime, « il disait que ma femme c’était sa pute, que mon enfant était le sien, j’ai même fait un test ADN ».  Patrick J, expliquera que sa colère le jour du drame a été déclenchée par le sourire narquois de la victime. A la question de l’un de ses avocats, Emmanuelle Franck, » Peut-on considérer que le jour des faits,  le sourire de la victime a pu être déclencheur ? », au psychiatre le Dr Trappé de repondre: « C’est la flamme qui a allumé la mèche, je ne crois pas qu’on soit face à quelqu’un qui s’est levé avec l’intention de renverser quelqu’un, je crois vraiment qu’on est face à quelque chose qui a été déclenché ».

« C’est une douleur sans limite, la douleur d’une mère qui perd son enfant »

Du côté de la famille de la victime, les larmes coulent et les voix s’échappent. D’origines Roumaines, les parents d’Alex.N, tentent de suivre les conversations avec l’aide d’une traductrice. La mère de la victime, en habit de deuil, la tête couverte d’un voile noir confiera sa douleur à la barre, plus tard dans la journée. « Je ne souhaite à personne d’être à ma place, a confié la mère de la victime dans sa langue maternelle, perdre un enfant c’est une douleur infinie, et je pense à toutes les mères du monde. Gacher des vies pour une femme, avec qui il n’était en plus pas marié. Elle a provoqué beaucoup de douleur et beaucoup de peine ». Et à une mère de répondre à une autre: « Au nom de notre famille, je leur présente toutes mes excuses, car sa douleur de maman je la connais pour avoir perdu deux enfants », a répondu la mère de Patrick.

Des témoins se sont ensuite succédés à la barre décrivant les circonstances du drame de ce 13 avril 2020. Ce jour fatidique ou les deux hommes se croisent au bureau de tabac communément appelé la grenouille aux alentours de 17h30. L’un va entrer quand l’autre en sortir. Un sourire narquois, un regard insistant, Patrick .J, ne se contrôle plus. « J’étais dans le bureau de tabac, quand j’ai entendu un boum, relate l’un  des trois témoins présents ce jour là, au départ je pensais que c’était un simple accident mais ensuite tout est allé très vite, la scène était irréelle, il l’a renversé, j’ai vu le corps volé, il a été éjecté par l’arrière puis ensuite il a fait marche arrière et lui a roulé dessus, on aurait cru être dans un film. Puis il est descendu, il a attendu, il nous a demandés d’appeler les gendarmes et il est parti ».

« Il n’avait qu’a pas baiser ma femme », sont les derniers mots de l’accusé  » d’une voix terriblement calme », témoignera une employée de commerce, avant de se rendre à la gendarmerie.

Le dernier jour d’audience aura lieu demain vendredi 17 mai. Les jurés devront se prononcer sur une éventuelle préméditation, contestée par maitre Emmanuelle Franck et maitre Hichem Laredj, les avocats de l’accusé.

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Écrit par: Stephanie Leborne

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