C’est en ce début de rentrée que commence la récolte du maïs. Après deux mois d’été où les saisonniers se sont relayés dans les champs, les épis ont été récupérés. Ils serviront aux croisements qui donneront les semences des années suivantes. Une mécanique bien huilée en apparence. Car derrière l’image des champs dorés se cache une filière fragilisée.

“Les surfaces ont baissé il y a trois ans”, constate David Pujol, un agriculteur ariégeois “mais c’est pareil pour les productions de tout le monde”. Avant 2024, la France comptait près de 80 000 hectares. Aujourd’hui, elle n’en compte plus que 60 000 hectares. La courbe descend en illustrant la baisse de cette culture pourtant très rémunératrice. Au cœur du problème, l’irrigation. Le lac de Montbel, réservoir vital pour l’agriculture locale et pour le maintien du débit de la Garonne, s’est retrouvé à sec à l’issue de l’été 2022. Un choc pour les agriculteurs comme pour les collectivités; “ Toulouse a dit : la Garonne est basse, il nous faut de l’eau.”
Une ressource en tension
« L’hiver 2022-2023, anormalement sec, n’a rien arrangé. Au printemps, le lac n’était même pas rempli au quart. La préfecture a un temps envisagé une interdiction totale d’irriguer. Finalement, un compromis a été trouvé. Les agriculteurs ont volontairement réduit leurs surfaces, en échange d’un droit d’arroser sous quotas. », reprend David Pujol, et de poursuivre : “On n’arrosait pas comme on voulait. Il y avait des jours de coupure, des volumes maximums à respecter.Mais les conséquences ont été immédiates. ». En effet, les semenciers, privés d’approvisionnement local, ont délocalisé une partie de la production à l’étranger.
Une dynamique qui, depuis, perdure. Pour les producteurs, le maïs de semence n’est pas une culture comme les autres. “C’est un peu comme décrocher un gros marché pour une entreprise”, illustre l’agriculteur. Mais avec la baisse des surfaces, les investissements et crédits deviennent plus difficiles à assumer.
Quel avenir dans un climat plus chaud ?
La profession se défend face aux critiques. “On nous taxe souvent de trop consommer d’eau, mais c’est comme un jardinier : planter sans arroser n’a pas de sens.” Pourtant, la question demeure : le maïs est-il encore adapté à un territoire où les étés sont de plus en plus secs et chauds ?, souligne l’agriculteur.
Le tournesol, lui, demande moins d’eau. Sa culture paraît donc moins problématique dans un contexte de sécheresses récurrentes. Mais il ne peut pas, à lui seul, faire vivre les exploitations. “Le tournesol, ça permet de tenir, mais ça ne fait pas tourner une ferme”, reconnaît David. “Il faut trouver des solutions mais il ne faut pas que ce soit que l’agriculture” explique David Pujol.