Les glaciers des Pyrénées sont condamnés à disparaître d’après les scientifiques

Une étude inquiétante a été révélée dans la revue scientifique Nature le mercredi 19 février. Les glaciers des Alpes et des Pyrénées ont perdu 40% de leur volume en 23 ans. Des superficies qui se perdent aussi sur les autres géants blancs de la planète et qui inquiètent les scientifiques.

“Les régions avec des glaciers plus petits ne survivront pas au siècle en cours”, avertit Michael Zemp de l’université de Zurich, coauteur de l’étude publiée dans Nature. C’est le mercredi 19 février que cette revue scientifique publie une étude inquiétante au sujet de ces géants blancs dans le monde. Ce sont les glaciers plus petits qui perdent leur étendue plus rapidement. En seulement deux années entre 2022 et 2023, les glaciers des Pyrénées et des Alpes ont perdu 10% de leur volume soit 40% de leur ampleur en 23 ans. Le glaciologue Pierre René alerte sur l’état des glaciers Pyrénéens. Le scientifique partage ses données collectées sur le terrain et les constats qu’il en tire. De 100 en 1850, les Pyrénées n’en comptaient plus que 44 en 2000, et ce nombre est tombé à 20 en 2023. D’après le scientifique, les glaciers restants sont tellement petits et couverts de cailloux que leur disparition d’ici 15 ans ne fait aucun doute.

Les petits glaciers Pyrénéens condamnés à disparaître

L’Observatoire des Glaciers des Pyrénées françaises illustre la disparition progressive de ces glaciers. Avec pour objectif de suivre annuellement leur évolutions. Ce phénomène dans les Pyrénées touche aussi le reste du monde.

Une fonte de glaces sans précédent

Trois piscines olympiques, c’est la quantité d’eau que perdent les glaciers chaque seconde dans le monde. Depuis les années 2000, les géants blancs ont perdu entre 2% et 39% de leur glace au niveau régional et environ 5% au niveau mondial. Ces glaciers sont pourtant essentiels à l’approvisionnement en eau douce pour des milliards de personnes. 35 équipes de chercheurs se sont mobilisées pour produire une étude dont les résultats ont été publiés mercredi 19 février dans la revue scientifique Nature. Les résultats enregistrés en 2022 et en 2023 ont profondément choqué les spécialistes.

”Ce sont deux années exceptionnelles en termes de fonte des glaces. Il faut se rendre compte que 2023 a vu une perte de masse deux fois plus forte que la moyenne des 25 dernières années. C’est comme si toute la France continentale était couverte de glace et que cette dernière disparaissait en un an. Nous ne pensions pas qu’on atteindrait un tel niveau de fonte si tôt.”

Étienne Berthier, glaciologue au CNRS et coauteur de l’étude, auprès du journal Le Monde. 

Les chaleurs extrêmes en 2022 ont fragilisé les glaciers, tandis que 2023, a connu un problème de déficit d’accumulation empêchant les glaciers de se renouveler. Face à cette situation inédite, les glaciologues restent perplexes : “nous sommes dans la même expectative que les climatologues, qui n’ont pas encore toutes les réponses au pourquoi la Terre connaît depuis deux ans des températures très anormalement élevées”, explique Fanny Brun co-autrice chargée de recherche à l’IRD (Institut de recherche pour le développement) au sein de l’Institut des géosciences de l’environnement de Grenoble.

Une diminution des glaciers qui provient de 2024 qui a été l’année la plus chaude jamais enregistrée depuis 1850. La barre symbolique des 1,5 degrés fixée par les accords de Paris sera franchie durablement. Cet emballement de la fonte de la masse glaciaire reste aussi une grande question pour les glaciologues : “toute la question est d’en comprendre les raisons. De savoir si c’est une parenthèse qui aura bientôt une explication ou si c’est une accélération structurante qui conduira, par conséquent, à une disparition un peu plus précoce qu’envisagée de certains glaciers”, indique Fanny Brun.

Face à ces phénomènes les réactions se multiplient: « La fonte de ces glaciers est terrible, je me souviens de voies normales où le piolet était nécessaire en plein été », réagit une internaute sur Facebook sur une publication de l’Observatoire des Glaciers Pyrénéens. La fonte des glaciers est plus qu’un simple signe du changement climatique : elle en est le symptôme le plus visible, et peut-être le plus alarmant.

Elina Lacoste