Le SMDEA victime d’une cyber attaque de grande ampleur:  » Nous demandons aux usagers d’être vigilants »

Le parc informatique du Syndicat Départemental de l’Eau et de l’Assainissement de l’Ariège (SMDEA) a été victime d’une cyber attaque de très grande ampleur avec une demande de rançon dimanche 14 mai dernier. Les services du SMDEA lourdement impactés, sont pour certains paralysés. Une plainte a été déposée et une enquête judiciaire est en cours.

C’est un véritable coup de massue que les agents du Syndicat Départemental de l’Eau et de l’Assainissement de l’Ariège (SMDEA) ont encaissé. En effet, la collectivité vient d’ annoncer avoir été la cible d’une cyberattaque visant particulièrement « les données personnelles des usagers ». Une attaque provenant d’un  » rançongiciel », précise le colonel Frédéric Wagner, le Chef du groupement de gendarmerie de l’Ariège.

L’Etat au chevet de la collectivité

 » Dès que nous avons pris connaissance de cette attaque, nous nous sommes tous mobilisés pour limiter l’intrusion, et nous avons réagi immédiatement »; lance Christine Téqui, la Présidente du SMDEA. En effet, dès le lendemain (lundi 15 mai) une réunion d’urgence s’est tenue en préfecture :  » Pour des raisons de confidentialité, de sécurité et en attendant d’avoir un diagnostic, nous avons choisi de retarder la communication de cette attaque. Ces trois points nous ont amené à rester silencieux sur la situation », précise la présidente.

Ainsi, malgré des difficultés évidentes et une paralysie des services administratifs, le SMDEA continue d’assurer les services auprès des usagers : « Nous avons procédé à un contournement de nos procédures classiques de façon à avoir une continuité du services aux usagers », reprend Christine Téqui. Une situation qui reste toutefois inconfortable pour les agents et pour le SMDEA, qui malgré la pression des cyber braqueurs , n’a pas l’intention de céder au chantage : « Le SMDEA est aujourd’hui victime d’une attaque qui n’a d’autre but que de récupérer de l’argent, comme dans des situations analogues, il y a une demande de rançon. Mais il n’est pas question de payer. Nous ne céderons pas ».

70 000 usagers concernés

Aussi, l’attaque subie le 14 mai dernier ne laisse pas place au doute: les données personnelles des usagers étaient la cible des hackers: « Un état des lieux est actuellement en cours pour déterminer quelles données ont été récupérées, nous demandons aux usagers d’être vigilants, de ne pas répondre à des mails douteux, de ne pas fournir d’informations confidentielles, ou encore de ne pas ouvrir de pièces jointes d’un message suspect », alerte Christine Téqui.

« En 2022, 263 cyber-attaques ont été recensées dans le Pays: 14% de ces attaques concernaient les administrations, 11.5% dans le secteur de la santé, 9% chez les particuliers et 3% dans le milieu associatif »

Colonel Frédéric Wagner, Chef du groupement de gendarmerie de l’Ariège.

Ainsi, environ 70 000 usagers seraient potentiellement impactés par cette prise d’otage numérique. Des usagers installés en Ariège pour la grande majorité mais aussi en Haute-Garonne.

« Je voudrais souligner la réactivité du SMDEA dans cette situation, une situation qui peut arriver à tout le monde, aux particuliers, aux professionnels comme aux services publics », a déclaré le secrétaire général de la préfecture de l’Ariège Frédéric Fossat, avant d’apporter son soutien au nom de l’Etat à la collectivité: « Le SMDEA peut compter sur le soutien de l’état, la gendarmerie bien entendu mais je pense notamment à la DDFIP(1) qui est spécialisée dans ces domaines là, et qui est à la disposition du SMDEA car il y a un certain nombre de process à adapter pour permettre au syndicat de refonctionner ».

Le SMDEA a ainsi rejoint la liste des collectivités ariègeoises victimes de cyber attaque ces dernières années. Pour rappel, la Communauté de communes de la Haute Ariège avait été piégée en 2020 : » On est face à une nouvelle forme de criminalité, la technologie progresse et en même temps la criminalité progresse dans ce domaine là, il va malheureusement falloir s’y habituer et donc s’y préparer », conclut le secrétaire général de la préfecture de l’Ariège.

A ce jour, la collectivité n’est pas en capacité de donner de délai sur le retour à la normale dans les services administratifs :  » On espère pouvoir reprendre une activité normale rapidement, mais nous ne pouvons pas donner de date, souligne Christine Téqui, nous avons des exemples ou des collectivités ont attendu plusieurs mois avant de reprendre leur activité, on préfère être prudents ».

Stéphanie Leborne