« Je suis au dans le néant, au fond du trou »: un enregistrement met le feu aux poudres lors du procès Jubillar.

Les propos de l’accusé, mêlant confidences sur son couple et échanges sur des détails domestiques, ont suscité de vives réactions entre avocats de la défense et des parties civiles.
« Je suis au dans le néant, au fond du trou »: un enregistrement entendu lors de la 6e journée d’audience du procès Jubillar
©Me Battikh - avocat des cousins de delphine Jubillar _ photo Stéphanie Leborne

La sixième journée du procès de Cédric Jubillar, jugé devant les assises du Tarn à Albi pour le meurtre de sa femme Delphine, a été marquée par la diffusion d’un enregistrement inédit.

Après les témoignages de Stéphanie, la sœur de Delphine, de son frère Sébastien ainsi que des proches de l’accusé, la cour a écouté une bande sonore enregistrée par Davy, cousin germain de la disparue. Celui-ci s’était rendu au domicile du couple le 17 décembre 2020, accompagné de Sébastien, soit au lendemain de la disparition de l’infirmière. Un enregistrement qui a été communiqué  » assez tardivement à toutes les parties », préciseront les avocats.

« On était ensemble que pour les enfants et la maison »

« On est venu se mettre au niveau du mange-debout dans la cuisine et j’ai mis mon téléphone en dictaphone, je ne sais pas pourquoi. On a commencé à discuter », a relaté Davy à la barre.

Dans cet enregistrement, Cédric Jubillar revient sur l’état de son couple. « On avait commencé à parler de divorce à l’été 2020. On s’était donné un mois et demi pour sauver le couple. Et en octobre, elle m’a dit : “Non mais de toute façon, ça sert à rien, ma décision est prise, je suis déjà très loin dans ma tête”. Je me suis dit qu’elle avait trouvé quelqu’un. On était plus que des colocataires, on était ensemble que pour les enfants et la maison. Elle ne me disait plus rien », confie-t-il. La bande laissera ensuite entendre ensuite un moment d’émotion : « Merci d’être là, », avant des sanglots. Des sanglots qualifiés de « scène théatrale » par le frère et le cousin de Delphine, dont on entendra qu’ils lui donnent malgré tout une tape dans le dos.

« Ils m’ont posé des questions, alors j’ai répondu »

Plus surprenant, l’audio fait aussi état d’échanges sur les travaux de la maison, notamment le carrelage et la poussière. Un décalage relevé par Me Battikh, avocat de la partie civile : « On est à 33 heures après la disparition de votre femme, et vous parlez de la poussière et du carrelage ? » — « Ils m’ont posé des questions, alors j’ai répondu », rétorque l’accusé.

Toujours sur la bande, Cédric Jubillar évoque son désarroi : « Là je parle, mais dès que je suis avec ma mère, je pleure comme une merde. Je suis au dans le néant là, au fond du trou. J’ai cherché le téléphone mais où chercher ? Je me demande ce que j’aurais pu rater, elle s’était vraiment refermée… Et les gendarmes, ils ont mis leur produit partout. Tu sais quoi, je me suis vu dans un film. »

« la gendarmerie me dit qu’on ne doit pas aller à sa recherche »

Le cousin et le frère de Delphine insistent alors sur la nécessité de poursuivre les recherches. « Je veux faire des recherches, mais la gendarmerie me dit qu’on ne doit pas aller à sa recherche », leur répond Cédric Jubillar sur l’enregistrement.

À l’issue de cette diffusion, des échanges tendus ont éclaté entre les avocats des parties. Les représentants de la partie civile ont dénoncé « l’indécence » des propos tenus par Cédric Jubillar dans un tel contexte, y voyant « une scène théâtrale » destinée à émouvoir son entourage. La défense, de son côté, a répliqué en soulignant que le discours de l’accusé « reste fidèle à ses actuelles déclarations », preuve selon eux de sa cohérence.

PROCES JUBILLAR, A LIRE AUSSI :

Témoignages des frères et soeur de Delphine

Témoignage de Dominique Alzéari, ex-procureur de Toulouse et un expert en téléphonie

L’analyse du téléphone de Cédric Jubillar et les derniers messages de Delphine

Des pistes non exploitées, dénoncées par la défense

La dernière journée de Delphine Jubillar

Le récit troublant d’un témoin du 16 décembre

Le quotidien de Louis et Elyah, depuis la disparition de leur maman

Le témoignage de Fanny L, l’une des premières gendarmes à intervenir au domicile du couple

Le profil de Delphine Jubillar 

Partager cet article
Facebook
Twitter
LinkedIn
WhatsApp
CA PASSE
En direct

JOHN MAMANN

CA PASSE