Les mots de Louis, 11 ans, ont bouleversé la cour d’assises du Tarn, ce lundi 13 octobre. « J’aimerais me recueillir sur une tombe », a-t-il confié par l’intermédiaire de son avocate, Me Chmani. Une phrase lourde de sens, prononcée alors que son père, Cédric Jubillar, est jugé depuis près de quatre semaines pour le meurtre de son épouse Delphine, disparue en décembre 2020.
Une lettre adressée à la Présidente de la cour
Depuis le vendredi 10 octobre, l’accusé, âgé de 37 ans, père de Louis et d’Elyah, est interrogé par les avocats des parties civiles. Parmi les moments les plus marquants de ces échanges, figure le message de son fils, lu à haute voix dans la salle d’audience. Louis Jubillar a souhaité adresser une lettre à la présidente de la cour pour raconter la souffrance qu’il a endurée, en appelant son père par son prénom.
« Je voudrais témoigner de ce que Cédric Jubillar m’a fait subir », écrit-il. Selon son avocate, il relate que, avant la disparition de sa mère et la naissance de son frère Elyah, son père lui imposait de s’agenouiller au coin, les mains sur la tête et les genoux sur des Legos, pendant trente minutes lorsqu’il faisait une bêtise. Ces punitions avaient lieu lorsque sa mère travaillait, avec l’injonction de ne pas en parler.
Louis décrit également des sévices plus intimes, expliquant que son père lui demandait de baisser son pantalon pour le frapper, tout en multipliant les insultes, notamment « petit ou gros con ».« Peut-être que si je viens, je vais le sensibiliser et qu’il finira par dire des choses », a confié Louis à son avocate, selon les mots rapportés par Me Malika Chmani. Face à la cour, celle-ci s’est ensuite adressée directement à Cédric Jubillar, debout dans le box des accusés, séparé du public par une paroi vitrée :- Votre fils m’a dit de vous transmettre ceci : “J’aimerais me recueillir sur une tombe.”
« Je crois qu’on ne peut plus en attendre grand-chose »
Un silence s’est installé avant que l’avocate ne lui demande : « Qu’avez-vous à répondre, M. Jubillar ?». — Moi aussi, j’aimerais, a-t-il répondu. Me Malika Chmani a alors repris : « Et à cette phrase, “Il ne dit pas la vérité”, qu’avez-vous à répondre ?», — « Malheureusement, c’est ce qu’on lui a soufflé pendant des années, a déclaré l’accusé».
À la sortie de l’audience, l’avocate des enfants a confié son amertume : « Je crois qu’on ne peut plus en attendre grand-chose, a estimé Me Chmani. Jusqu’au bout, j’ai essayé, dans l’intérêt des enfants. Ils ont besoin d’un endroit pour se recueillir, ils ont besoin de la vérité. Lui dit qu’il n’y a pas de vérité. »
Les plaidoiries doivent débuter ce mardi 14 octobre. Les réquisitions du ministère public et les délibérés du jury sont attendus pour le vendredi 17 octobre.
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