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« Il n’y a aucune infraction, la réserve n’existe pas, la relaxe s’impose » : coup de théâtre au procès de la mort de l’ourse Caramelles

today19 mars 2025 à 17h01

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Un véritable coup de théâtre s’est produit ce mercredi après-midi dans la salle d’audience du tribunal de Foix. Maître Lagier, l’avocat du chasseur poursuivi pour avoir tué l’ourse Caramelles, a plaidé durant près d’une heure pour démontrer que la réserve du Mont Valier ne peut être considérée comme une réserve naturelle au sens juridique.

Parmi les accusations retenues contre les seize chasseurs Couserannais figurait notamment la chasse sur le terrain d’autrui. Une charge vigoureusement contestée par les avocats de la défense. « Je vous invite à voyager dans cette confusion, » a déclaré Maître Lagier. « Depuis hier, on assiste à un véritable battage médiatique autour de cette affaire. Et ce qui me peine, c’est d’entendre parler de réserve naturelle ou d’espace protégé, y compris dans la bouche de Monsieur le procureur. Or, ce n’est pas une réserve naturelle, mais une réserve de faune sauvage ! ».

L’avocat s’est appuyé sur une succession de textes juridiques pour étayer sa démonstration, pointant leur fragilité et leur évolution : « Les textes les plus récents sont trois arrêtés de 2006. L’un d’eux a abrogé les précédents à cause d’erreurs de superficie. On critique souvent l’administration française, mais moi, je l’admire car elle fonctionne bien : j’ai pu accéder à tous les documents concernant cette réserve. Et ce que je constate, c’est qu’il n’y a eu aucun affichage dans les communes concernées. Si les citoyens ne sont pas informés d’une réglementation, comment peuvent-ils la respecter ? »

Il a conclu fermement : « Je fais du droit et uniquement du droit. Et sur ce fondement, deux points sont clairs : premièrement, il n’existe pas de plan de situation précis ni de fondement légal solide pour cette prétendue réserve ; deuxièmement, il n’y a eu aucun affichage obligatoire. La relaxe s’impose. »

« Une réserve fictive »a soulevé l’avocate des 15 autres chasseurs : »L’annexe présentée est erronée. Seul un plan de situation clair et officiel peut définir précisément les limites de cette parcelle, or ce document est absent du dossier », a-t-elle souligné. « Nous sommes donc face à un texte imprécis et inapplicable. Quant à la signalétique, il n’existe aucun panneau indiquant l’entrée dans cette prétendue réserve. Aucune indication apparente ne permet aux usagers de savoir qu’ils se trouvent dans une zone réglementée. »

« Un déferlement de haine sur les réseaux sociaux, des menaces de mort à l’encontre du chasseur »

Autour de ce procès très médiatisé, les réseaux sociaux se sont rapidement enflammés. Les commentaires accusateurs et les messages de haine à l’encontre des chasseurs, et plus particulièrement envers l’octogénaire poursuivi pour la mort de l’ourse Caramelles, se sont multipliés. Entre menaces, insultes et appels à la violence, cette déferlante numérique a ajouté une pression supplémentaire sur les prévenus et leurs familles.

Lors de l’audience, les avocats de la défense ont dénoncé cette chasse à l’homme virtuelle, soulignant un climat d’hostilité extrême dans lequel se déroule ce procès. Ce climat d’animosité illustre à quel point le sujet de la présence de l’ours dans les Pyrénées reste un sujet sensible, où émotion et passion prennent souvent le pas sur la raison et le droit.

Écrit par: Stephanie Leborne

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