Perpignan–Latour-de-Carol, Toulouse–Auch, Tessonnières–Figeac… Ces lignes locales pourraient disparaître dans moins de dix ans si rien ne bouge. En Occitanie, près de 1.000 kilomètres de « petites lignes » ferroviaires sont aujourd’hui menacées de fermeture, sur les 4.000 km concernés au niveau national d’ici 2032. Une situation que Carole Delga, présidente de Région, a dénoncée mercredi 11 juin à Montpellier lors d’une conférence de presse organisée en marge de la conférence nationale « Ambition France Transports ».
Comme on le fait depuis des semaines, celle qui est aussi Présidente de Régions de France a tenu à rappeler les efforts menés par les collectivités dans certains domaines normalement à la charge de l’Etat. L’entretien des voies ferrées n’y a pas échappé.
« Depuis 2008, nous avons investi près de 900 M€ pour sauvegarder un réseau appartenant à l’État. Aujourd’hui encore, une ultime enveloppe d’urgence est mobilisée pour préserver des lignes essentielles et empêcher leur dégradation ou leur fermeture. Mais cette logique doit être revue », Carole Delga, Présidente de la Région Occitanie, par voie de communiqué.
Sur ces 900 millions d’euros, environ 700 millions ont été consacrés aux lignes secondaires. Une capacité de financement désormais intenable avec les contraintes budgétaires qui sont désormais celles des collectivités. Alors, Carole Delga, désireuse de garder ces voies (la ligne Montréjeau – Luchon rouvrira d’ailleurs fin juin), a présenté un plan… pour faire pression sur l’Etat.
Un plan de financement à 5,5 milliards d’euros
Ce plan, qui vise à assurer un financement pérenne du réseau ferroviaire national, serait au bénéfice de l’Agence de financement des infrastructures de transport en France. Il vise à constituer une enveloppe annuelle de 5,5 milliards d’euros, répartie en trois volets :
- 2,3 milliards d’euros provenant des recettes des quotas carbone européens (ETS2), affectés aux mobilités décarbonées,
- 2 milliards d’euros issus d’une révision des concessions autoroutières, avec une partie des recettes allouée au ferroviaire,
- Des recettes supplémentaires attendues grâce à la mise en place d’une écotaxe sur le transit routier international, à l’image de ce qui existe dans la région Grand Est.
Dans la région Occitanie, 800 millions d’euros seraient nécessaires pour « sauver le réseau secondaire », l’un des plus vétustes de France.

Lors de son intervention, Carole Delga a rappelé que la France investit environ 51 euros par habitant chaque année dans le ferroviaire, un montant inférieur à celui de pays comme l’Allemagne (115 euros) ou le Royaume-Uni (215 euros). Elle a également indiqué que la fréquentation des trains en Occitanie a augmenté de 68 % depuis 2019. La Région, qui dit avoir « toujours répondu présente » quand l’Etat lui a demandé de faire un effort financier, demande finalement la même chose à l’Etat aujourd’hui. Un renvoi d’ascenseur.
Suite à la conférence de presse, la présidente a annoncé le lancement d’une campagne comprenant une pétition, la diffusion de tracts et la création d’un site internet dédié, visant à mobiliser les citoyens et les acteurs concernés afin d’inciter l’État à s’engager sur ce plan de financement. Ou du moins à y répondre.