Entre inflation, instabilité politique et effondrement de la commande, le secteur du bâtiment traverse une crise historique. À l’échelle nationale, la Capeb enregistre au 3ᵉ trimestre 2025 une nouvelle baisse d’activité de 3,5 % par rapport à l’an dernier. Et en Ariège, la situation est aussi préoccupante.
« On est en pleine crise de confiance »
Pour Olivier Bry, président de la Fédération du bâtiment et des travaux publics (FBTP), l’heure est grave : « C’est inédit, on ne sait pas ce qu’il va se passer. Aujourd’hui, on est en pleine crise de confiance. » Il pointe du doigt une instabilité permanente, qu’il résume avec amertume :
«Quand vous voyez que notre Assemblée nationale se transforme en « Foir’Fouille de la taxe » parce qu’on ne sait plus où récupérer de l’argent, ce n’est pas fait pour nous donner confiance.»
20 entreprises déjà en liquidation ou redressement
En Ariège, le BTP rassemble près de 2 000 établissements, dont 900 autoentrepreneurs, 500 entreprises comptant un salarié et 400 structures avec plusieurs salariés. Mais 20 entreprises ont déjà été placées en liquidation ou en redressement depuis janvier 2025. À la même période en 2024, elles n’étaient que 6.
« Ce qui nous inquiète, c’est que ce ne sont plus seulement les petites structures de deux ou trois salariés : aujourd’hui, ce sont des entreprises de dix à quinze salariés qui vacillent. »
Investissements gelés : les collectivités attendent 2026
À ces difficultés économiques s’ajoute le contexte politique. Les collectivités, elles aussi touchées par les coupes budgétaires, freinent leurs investissements. À l’approche des municipales, les maires repoussent les projets.
« On nous dit qu’il y aura des chantiers… mais pas assez. C’est certain. »
Restriction de MaPrimeRénov’, fin du dispositif Pinel et surtout suppression de l’exonération de charges pour les apprentis : aurait dire que l’équation n’est pas favorable.
Si le secteur se dit pourtant habitué aux chocs (Covid, explosion du prix des matériaux, guerre en Ukraine…), cette fois, la crise s’installe durablement, et la détresse gagne les artisans .
« Aujourd’hui, nous avons des personnes en grande détresse au téléphone, et c’est inédit. On parle beaucoup du mal-être dans le monde agricole, mais il faut savoir que dans le BTP, il existe aussi. Nos artisans, nos PME… Certains dirigeants ne savent plus par où commencer, ni comment s’en sortir. Ils n’y arrivent plus ».
