Ariège. Des clowns pour stimuler les fonctions cognitives en Ehpad : « Ça leur permet de refaire lien avec leurs émotions »

L’émotion était palpable dans le service Sédour de la résidence Jules-Rousse à Tarascon-sur-Ariège, lors de la première visite de Péccadille et Médilène, deux clowns engagés de l’association Les Envolées .

Ce mercredi 12 février, ces deux personnages haut en couleur, aux gestes rassurants, ont fait la connaissance de 25 résidents, tous identifiés comme de grands dépendants. « C’est un projet novateur, qui n’a jamais été réalisé dans un Ehpad en Ariège, confie Caroline, animatrice au sein de l’établissement, et nous avons choisi les secteurs les moins autonomes pour cette première intervention. » L’objectif de l’animation : solliciter la mémoire émotionnelle des résidents.

Un protocole d’une durée de six mois

« On veut créer du contact sensoriel, ça peut passer par le toucher, par la parole, par le regard, le rire ou bien les larmes », souligne la soignante. Ainsi, durant six mois et à raison d’une séance tous les 15 jours, Péccadille et Médilène vont se rendre dans différents services de l’Ehpad Jules-Rousse et travailler en étroite collaboration avec l’équipe soignante pour apporter de la gaieté , mais aussi stimuler les mémoires . « L’idée, c’est de solliciter les sens et de proposer un moment de lâcher-prise. Aujourd’hui, ce sont des interventions courtes, car ils rencontrent les clowns pour la première fois, mais les suivantes séances dureront une dizaine de minutes par personne. » Un travail émouvant et parfois éprouvant pour les seniors, mais aussi pour le personnel de la résidence, comme l’explique Cyril Brouet, cadre de santé : « Ce ne sont pas des ambiances toujours gaies, ici on gère la souffrance, un petit peu la mort aussi, et l’idée, c’est de ramener de la vie dans un service de grands dépendants, de faire en sorte qu’il y ait des interactions (…). C’est aussi une soupape pour les agents qui ne vivent pas que des moments faciles, cela permet de prendre du recul, d’avoir un autre regard et d’amener un petit peu de folie. »

Un travail sur les pathologies de type Alzheimer ou apparentées

D’après l’association France Alzheimer , les ateliers de mobilisation cognitive permettent aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer de stimuler leur mémoire et leurs fonctions cognitives. « Sur les pathologies de type Alzheimer , les gens ont du mal à se souvenir d’événements récents, constate Cyril Brouet, et on se rend compte qu’on peut les aider à combattre cet oubli -là en allant chercher le volet émotionnel de la relation. Ça leur permet de refaire lien avec leurs émotions (…). Qui dit clown dit enfance, dit insouciance, un vecteur qui permet de reconnecter à quelque chose de positif de la vie passée. »

Ainsi, 12 interventions sont prévues au sein de l’établissement Jules-Rousse en collaboration avec l’association Les Envolées . Cet accompagnement est financé par la CFPTA à hauteur de 80 %, et à 20 % par l’établissement. « Nous avons eu la chance d’avoir des financements pour ces interventions qui permettront d’installer un relationnel, souligne le cadre de santé. Aujourd’hui, focalisé sur un service de 25 résidents, mais nous avons bien l’intention de pouvoir l’étendre à d’autres services. »

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