Accidents de remontées mécaniques : comment les stations des Pyrénées font pour éviter le même drame qu’à Astún

Plusieurs accidents de remontées mécaniques ont eu lieu cet hiver comme à Astún, en Espagne où une trentaine de personnes avaient été blessées. Ce même risque menace-t-il les Pyrénées françaises et comment y assurer la sécurité ? Du côté de la station Les Angles, dans les Pyrénées-Orientales, les inspections quotidiennes s’ajoutent à la sensibilisation afin de limiter le risque d’accidents.

Cet hiver, les remontées mécaniques font beaucoup parler d’elles dans l’actualité. Il faut dire que les accidents ne manquent pas : deux blessés graves à Val Thorens, une trentaine de blessés aussi à Astún en Espagne… De quoi faire augmenter l’inquiétude des skieurs. Pourtant, selon une enquête du BEA-TT (Bureau d’Enquêtes sur les Accidents de Transport Terrestre) datant de 2024 et documentée par 46 rapports dans les Pyrénées ou dans les Alpes, la quantité d’accidents de remontées mécaniques n’a pas spécialement augmenté ces dernières années. Ce chiffre avoisine toujours la vingtaine de cas par an. Ce dernier peut paraître impressionnant, mais le serait bien plus sans le travail du personnel chargé de la sécurité des remontées.

« Les risques viennent de partout »

La station des Angles, située au cœur des montagnes des Pyrénées-Orientales, doit par exemple assurer la sécurité de 19 remontées mécaniques, dont 14 téléskis, quatre télésièges et une télécabine. Pour ce faire, un dispositif important, composé d’une trentaine de conducteurs, de six mécaniciens et d’une dizaine de pisteurs est mis en place. Un effectif nécessaire au vu du besoin qu’exige la sécurisation des remontées mécaniques. Car les risques sont multiples, comme le montre ce graphique.

À commencer par la casse du matériel. En cas de mauvais entretien, les câbles ou les moteurs peuvent rendre l’âme. Mais selon Jennifer Bouloc, responsable sécurité de la station des Angles, le principal risque concerne les usagers eux-mêmes, qui ne respecteraient pas toujours les règles de sécurité : « le vacancier peut ne pas avoir conscience du risque quand on lui demande de ne pas slalomer, de ne pas tirer, de bien rester dans l’axe d’un téléski par exemple. » Pourtant, selon le BEA-TT, seulement 7 % des accidents sont provoqués par le comportement des passagers contre 33 % par les erreurs du personnel. Mais d’autres fois, c’est la nature qui en fait des siennes.

S’adapter aux conditions climatiques

Le gel et surtout le vent peuvent par exemple fortement endommager les remontées de la station. Des conditions qui obligent les employés à se rendre sur les pistes bien avant leurs ouvertures pour y faire une série de vérifications. « On va par exemple démarrer la machine, tester les boutons d’arrêt, mesurer les distances et le temps de freinage » détaille la responsable sécurité des Angles.

« Le niveau de danger va dépendre de quel côté du domaine skiable on se situe et de l’orientation des machines. Le plus dangereux reste le vent de profil » explique Jennifer Bouloc. En général, plus un appareil est situé haut, plus il sera fragile, les sièges légers étant plus sensibles aux rafales. Mais même un téléski peut être exposé à ce risque.

Une méthode qui fait ses preuves

Afin d’éviter les situations d’urgence, un important travail de prévention est fait dans la station pyrénéenne. Les employés travaillent étroitement avec Météo France, qui leur transmet au moins deux bulletins météo par jour. Mais ce n’est pas tout.

Toutes ces vérifications ne viennent pas forcément de l’initiative de la station en elle-même. En France, c’est la STRMTG (Service Technique des Remontées Mécaniques et des Transports Guidés) qui s’occupe de contrôler l’ensemble des stations. Chacune d’entre elles doit justifier son travail de maintenance et de vérification auprès de cet organisme. Tout ce travail semble porter ses fruits aux Angles, où aucun accident majeur n’a été recensé lors des 20 dernières années.

Florian Salvat