Ariège

« Seuls les riches pourront se soigner »: le déremboursement des cures thermales, une menace pour les vallées pyrénéennes.

© Photo libre de droits.

Le gouvernement envisage de réduire drastiquement le remboursement des cures thermales. Entre inégalités d’accès aux soins, emplois menacés et pertes économiques massives, élus et acteurs locaux dénoncent un coup d’arrêt brutal pour l’avenir des stations thermales et le tissu économique des vallées pyrénéennes. 

« On accélère la mise en place d’une médecine à deux vitesses »

L’annonce a provoqué un véritable séisme. Ce mercredi 5 novembre, la ministre déléguée chargée de la Solidarité, Charlotte Parmentier-Lecocq, a proposé de ramener le taux de remboursement des cures thermales par l’Assurance maladie de 65 % à seulement 15 %. Bien que cet amendement, défendu par le groupe Renaissance, ait été largement rejeté par l’Assemblée nationale ce samedi 8 novembre, un éventuel passage en force serait « dramatique pour notre territoire », alerte Dominique Fourcade, maire d’Ax-les-Thermes.

« Je reviens du congrès des stations thermales qui s’est tenu à La Bourboule, et nous sommes tous consternés par les décisions du gouvernement», déplore Dominique Fourcade, le maire d’Ax-les-Thermes.

Cette fois, le coup porté est grave lance l’élu : « On accélère la mise en place d’une médecine à deux vitesses, c’est un véritable scandale, on pique l’argent dans la poche des pauvres, c’est ça qu’ils sont en train de faire. Avec cet amendement, seuls les riches pourraient se payer une cure thermale, les plus pauvres, n’y auraient plus accès ».

73 emplois menacés, 27M€ de perte pour l’Ariège

Au-delà des inégalités sociales, ce projet de déremboursement menacerait également toute l’économie locale :

« Une telle décision toucherait directement les secteurs d’Ussat, d’Aulus et d’Ax-les-Thermes, explique l’élu. Nous allons perdre un nombre considérable d’emplois : rien qu’à Ax-les-Thermes, cela représente 14 CDI, 24 équivalents temps plein saisonniers, et une baisse de 2,7 millions d’euros de chiffre d’affaires pour la société exploitante des thermes. Et les répercussions à l’échelle du territoire sont tout aussi alarmantes : 73 emplois induits pourraient disparaître, et ce sont près de 27 millions d’euros de retombées économiques qui ne seraient plus perçues. C’est une catastrophe annoncée. Certains territoires risquent tout simplement la faillite. »

L’Occitanie, première région thermale de France avec 149 000 curistes assurés sociaux accueillis en 2024, selon le Conseil national des établissements thermaux (CNETh), risque ainsi d’être privée d’une ressource majeure de son économie.

Les 28 stations thermales d’Occitanie constituent un maillon essentiel du développement local, mais la menace d’un déremboursement ferait peser de lourdes incertitudes:

« Regardez Luchon, qui a investi 40 millions d’euros, ou Balaruc-les-Bains, avec 50 millions. À Ax-les-Thermes, nous n’avions pas encore engagé d’investissements, mais nous avons racheté l’établissement et consenti d’importants efforts, avec le soutien de la communauté de communes, du département et de la Région », explique Dominique Fourcade. « Et pour quel résultat aujourd’hui ? Si ces mesures se confirment, ce sera très compliqué pour nous. ».

« Les stations des vallées vont boiter – et boiter bas »

Même discours du côté d’Alain Naudy, président de la communauté de communes de la Haute-Ariège :

« C’est un très mauvais coup porté à la santé publique. On ne fait pas d’économies sur la santé des gens, et encore moins sur celle des plus modestes. Ceux qui ont les moyens pourront toujours s’offrir une cure – 680 euros, ce n’est pas le bout du monde pour eux, mais pour les autres, ce sera tout simplement impossible. »

Après avoir racheté les Thermes, le territoire voit aujourd’hui ce pari sur l’avenir brutalement stoppé, déplore l’élu.

« C’est un véritable coup d’arrêt. Nous aurons prochainement plus d’indications, mais ils semblent décidés de faire passer cet amendement par ordonnance, on nous dit d’un côté qu’on ne va pas utiliser le 49.3 mais les ordonnances c’est la même chose », souligne-t-il, inquiet pour l’ensemble, et d’ajouter : « Les stations des vallées pyrénéennes, qui s’appuient sur le tourisme de montagne et le thermalisme, pourraient boiter – et boiter bas. Ce serait un mauvais coup porté à nos territoires. Le budget n’est pas encore voté ; j’espère que le gouvernement reviendra sur cet amendement».

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