Procès Jubillar: « Si elle a un amant, je lui ferai à l’envers ».

Très proche de Delphine, Anne Michelle, son amie retrace leur relation et les derniers jours avant la disparition de l’infirmière. @Image, Maitre Safya Akorri
Procès Jubillar: « Si elle a un amant, je lui ferai à l’envers »
©@Image, Maitre Safya Akorri - avocate de Anne Michelle Sirven. Photo Stéphanie Leborne

L’émotion était palpable ce mercredi matin dans la salle d’audience du tribunal judiciaire d’Albi. Appelée à la barre, Anne Michelle Sirven, la meilleure amie de Delphine Jubillar, a livré un témoignage fort devant la présidente de la cour d’assises, Hélène Ratineau. Très proche de Delphine, elle a retracé leur relation et les derniers jours avant la disparition de l’infirmière.

« Une amie souriante, toujours présente »

Dans la salle d’audience d’Albi, le silence était lourd lorsque la Présidente Hélène Ratineau a appelé à témoigner Anne Michelle Sirven. Voix posée, parfois brisée par l’émotion, cette mère de deux enfants a raconté son amitié indéfectible avec Delphine :
« Ce sont nos enfants qui se sont d’abord choisis, et ensuite, nous nous sommes rapprochées. ». Elle décrit une femme lumineuse, « soutenante et toujours présente », mais aussi une amie qui se confiait de plus en plus sur un quotidien conjugal devenu insupportable.

« À la fin, elle n’en pouvait plus »

Selon Anne Michelle, le couple Jubillar avait été heureux au début, notamment après la naissance de leur fils Louis. Mais lors de l’arrivée de leur fille Elyah, présentée comme « l’enfant de la dernière chance », les tensions se sont cristallisées.
« À la fin, elle n’en pouvait plus », souffle-t-elle devant les jurés.

Si Anne Michelle Sirven était très proche de Delphine, elle était également proche du couple, et de Cédric à l’époque. Devant la cour, l’amie d’enfance dresse un portrait sombre de Cédric Jubillar : »Un garçon impoli, impulsif, réactif et négligé. » Elle précise : « Cédric avait un jargon à lui pour communiquer. Il était cru, vulgaire.Il occupait toute la place. »
Elle le décrit comme un homme « impulsif, très réactif verbalement et physiquement », capable de « dégoupiller ».

La honte, la peur, les humiliations

Anne Michelle, évoque les changements de Delphine au contact de son mari : « Je pouvais passer une journée entière avec elle, elle rayonnait, mais dès l’arrivée de Cédric, elle s’éteignait. C’était comme un interrupteur : on/off. ».

Les années passent et Delphine s’affirme, elle a sansn doute rencontré quelqu’un,  » Elle s’envole », dira Anne Michelle.

Delphine lui aurait confié alors avoir honte de son mari, de sa manière de parler, de s’habiller, et du peu de place qu’elle avait pour s’exprimer. Elle assumait seule toutes les charges financières et aspirait à une vie stable. Cédric devait signer un CDI, mais le projet a finalement échoué ; pour elle, ce fut le point de non-retour. Elle voulait divorcer et envisageait une garde alternée. Elle me confiait également qu’ils faisaient chambre à part, mais qu’il continuait à venir l’importuner : « Je dors dans le lit, mais il vient me faire chier. ». Cédric avait quitté la chambre conjugale rapidement, officiellement à cause de ses ronflements, puisque Delphine pratiquait le cododo avec Elyah.

« Peu à peu, Delphine n’avait plus d’espace pour respirer », explique son amie. Mais à l’été 2020, elle se lance et annonce à Cédric son souhait de divorcer.  » Cédric y était opposé, il lui a dit: « Non, on ne divorce pas, sinon je vais me pendre ».

Un climat de surveillance

Anne Michelle Sirven raconte aussi le climat pesant dans lequel vivait son amie. « Il la surveillait en permanence. J’ai même essayé de lui parler devant l’école, je me suis mise à sa hauteur pour tenter de le faire revenir à la raison, j’avais connu une séparation, et je savais que ça pouvait être pesant.Je lui ai dit : tu veux pisser dans un bol et faire des analyses toxicologiques pour avoir droit de voir tes enfants? J’ai tenté de lui expliqué qu’il avait intérêt d’apaiser les choses. ».

Témoin des maltraitances sur Louis

Dans ses déclarations, Anne Michelle a également rapporté avoir été témoin des maltraitances de Cédric envers Louis. Un épisode marquant revient dans son témoignage :
« Nous étions au lac, avec d’autres mamans de l’école. Nos enfants s’étaient éloignés pour faire le tour seuls. Je n’étais pas contente, et Cédric non plus. Quand nous les avons récupérés, Cédric a enlevé sa tong, a saisi Louis par le bras et l’a frappé avec. J’ai encore cette image en tête : le corps de Louis sous les coups. »

« Cédric ne voulait pas divorcer »

Anne Michelle Sirven poursuit son audition. Elle explique : « Delphine a donc annoncer à Cédric qu’elle voulait divorcer, Cédric lui aurait donc répond, non on ne divorce pas sinon je vais me pendre ».

Le discours de l’amie se poursuit, ordre chronologique, elle explique « Le matin de la disparition de Delphine, il m’a dit qu’il l’avait surprise en train d’envoyer des photos à un homme.

La dernière fois qu’elle voit son amie

À la barre, Anne Michelle Sirven retrace avec émotion ses derniers instants passés avec son amie Delphine. « La dernière fois que je l’ai vue, c’était devant l’école, puis devant son domicile », explique-t-elle.

Elle se souvient particulièrement de la matinée du 15 décembre 2020. « On a pris un café, on a discuté de la banque. Elle venait d’aller chercher les chèques cadeaux de son travail. On a parlé une heure. Elle voulait protéger son compte, elle s’inquiétait. Elle devait retourner à la banque trois jours plus tard. Je percevais qu’à la maison, c’était difficile, c’était dur. » Ce matin-là, un moment plus léger est venu s’inscrire dans sa mémoire : « Les premiers pas d’Elyah, dans mon salon. C’était très émouvant. »

Cette semaine-là, Delphine était en congé. Interrogée par la présidente de la cour sur la tenue vestimentaire de son amie, Anne Michelle donne une description précise, comme pour figer une ultime image :
« Elle portait des bottes en daim fines, un jean, un pull camel-rouille et une veste en laine marron clair. »

Le lendemain, l’angoisse prend le relais. « Le 15 décembre, les gendarmes m’ont réveillée à 5h10 et m’ont demandé si je connaissais Delphine et si je savais où elle était. J’ai machinalement répondu « au city stade », puis j’ai évoqué la situation de leur couple. Mais je n’ai pas affirmé qu’elle était sortie promener les chiens. ».

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