La première journée du procès a débuté avec la mise en place du jury et l’examen des constitutions de parties civiles.
Au total, 14 parties civiles ont été retenues, tandis que deux demandes ont été rejetées : celles d’Amélie Maraval, ancienne camarade de classe de Delphine, et de Séverine Longuini, considérées comme ayant des liens « trop légers » avec la victime.
Un vif échange a d’ailleurs opposé la défense et les avocats de Mme Maraval, cette dernière ayant reconnu n’avoir plus aucun contact avec Delphine depuis plusieurs années. Sa constitution a été déclarée irrecevable, mais elle sera convoquée le 2 octobre en qualité de témoin.
Cédric Jubillar amaigri, le crâne rasé, son alliance à l’annulaire gauche…
La présidente Hélène Ratinaud a ensuite relaté les événements de la nuit du 15 au 16 décembre 2020, date de la disparition de Delphine Jubillar. Dans le box vitré, Cédric Jubillar est apparu amaigri, le crâne rasé, arborant un tatouage à l’effigie de son fils Louis sur le cou et son alliance à l’annulaire gauche. D’abord impassible, il s’est progressivement tendu au fil du récit, adoptant une attitude nerveuse et refermée.
La nuit de la disparition
Les investigations montrent que Cédric a passé 185 appels et messages sur le téléphone de son épouse dans la nuit du 15 au 16 décembre.
- À 3h53, il se connecte à l’application Badoo.
- Il contacte ensuite plusieurs proches de Delphine via Messenger, affirmant la chercher.
- À l’aube, il appelle sa belle-sœur sans évoquer la disparition.
- Il se connecte également au Bon Coin et à un jeu mobile (Game of Thrones).
À l’arrivée des gendarmes, le domicile apparaît en désordre : une machine à laver tourne, un plaid est retrouvé dans la niche des chiens et une housse de couette est étendue. Aucune trace de sang visible, mais des micro-traces et du sperme sont détectés. Cédric explique ces éléments par une relation sexuelle avec Delphine.
Portrait de l’accusé
Selon les experts, Cédric se distingue par une froideur affective et une implication limitée dans les recherches lors des battues. Son comportement face à la disparition de son épouse est jugé « peu déstabilisé » et ses propos souvent « maîtrisés ». Les proches dressent de Cédric Jubillar le portrait d’un homme certes travailleur, mais en proie à de sérieuses difficultés personnelles et financières.
Sans salaire régulier et dépourvu de permis de conduire, il consommait régulièrement du cannabis et du CBD. Souvent en défaut de paiement, il se servait à l’insu de Delphine de sa carte bancaire et n’hésitait pas à prélever de l’argent sur le compte de leurs enfants.
Le climat conjugal était marqué par de fortes tensions : Delphine souhaitait divorcer, tandis que Cédric, conscient de la relation extraconjugale de son épouse, s’y opposait.
En détention, il aurait laissé entendre à plusieurs codétenus qu’il pouvait être responsable, tout en présentant ses confidences sur un ton de « plaisanterie ». Il s’intéresse particulièrement aux émissions et reportages concernant son affaire.
Éléments retenus à charge
Le scénario du suicide a été définitivement écarté par les magistrats. Leur conviction repose sur plusieurs éléments jugés déterminants : les témoignages faisant état de scènes de violence conjugale, les incohérences relevées dans l’attitude et les déclarations de Cédric Jubillar, ainsi que son comportement jugé troublant après la disparition de son épouse.
Ces éléments, considérés comme des charges sérieuses, devront désormais être confrontés aux explications de l’accusé lors des prochaines audiences.