Du pog de Montségur aux remparts de Carcassonne, huit forteresses du XIIIe siècle, entre l’Aude et l’Ariège, forment une candidature collective au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ces bastions du pouvoir capétien racontent l’histoire d’un territoire conquis, transformé, et aujourd’hui défendu avec passion par ses habitants. Focus.

Montségur, la mémoire cathare sur les hauteurs

Perché à 1 207 mètres d’altitude, sur un piton rocheux ariégeois, Montségur domine par son histoire autant que par son relief. Symbole de la résistance cathare, théâtre du drame de 1244, il fut ensuite reconstruit par le roi de France pour asseoir son autorité. Aujourd’hui, il incarne un lieu de mémoire puissant, objet d’un vaste projet de restauration soutenu par le Département de l’Ariège.
« À 1 207 mètres d’altitude, Montségur est le plus élevé des sites proposés. Il en est aussi l’un des plus marquants par sa puissance symbolique. Son intégration dans cette candidature reflète à la fois l’unité du projet et la singularité de nos territoires.», affirme Christine Téqui, présidente du conseil départemental de l’Ariège.
Carcassonne, la citadelle centrale

Déjà inscrite à l’UNESCO depuis 1997, la cité fortifiée de Carcassonne constitue le cœur du dispositif royal du Languedoc. Avec ses 52 tours et sa double enceinte, elle fut le siège du sénéchal, représentant direct du roi. Son architecture militaire a servi de modèle à tout le système défensif mis en place dans la région après la Croisade contre les Albigeois.
« Après 12 ans de procédure à l’Unesco et plus de 30 ans d’engagement dans une démarche de valorisation patrimoniale ambitieuse (le programme Pays cathare), nous sommes aux portes d’une nouvelle étape – et quelle étape ! – qui débouchera, nous l’espérons, sur la reconnaissance internationale suprême, celle de l’Unesco », souligne Hélène Sandragné, présidente du conseil départemental de l’Aude.
Lastours, quatre châteaux sur une crête

Les quatre châteaux de Lastours, accrochés sur une ligne rocheuse au nord de Carcassonne, témoignent de la transition entre féodalité occitane et pouvoir royal. Rattachés à la couronne de France après les soulèvements de 1240, ils sont reconstruits selon les principes capétiens, en conservant leur spectaculaire implantation sur les hauteurs.
Peyrepertuse, le vaisseau de pierre

À près de 800 mètres d’altitude, Peyrepertuse semble taillé dans la falaise elle-même. Ce géant minéral, perché au-dessus du village de Duilhac, fut agrandi sous le règne de Louis IX pour devenir un des bastions stratégiques de la frontière face à l’Aragon. Son panorama s’étend jusqu’à la Méditerranée.
Puilaurens, la forteresse dans la forêt

Au-dessus de la vallée de la Boulzane, Puilaurens se dresse dans un écrin de verdure, à 697 mètres, entre les montagnes pyrénéennes et les plaines audoises. Refuge de cathares en fuite avant de tomber aux mains du roi, le château a été entièrement reconstruit par Saint Louis pour sécuriser le sud du royaume.
Quéribus, la sentinelle du Roussillon

Surplombant Cucugnan à 728 mètres, Quéribus veille depuis des siècles sur la frontière historique entre la France et l’Aragon. Dernier refuge cathare avant sa prise en 1255, il devient ensuite une forteresse royale remaniée et renforcée. Sa silhouette élancée en fait une icône des Corbières.
Aguilar, le château aux deux enceintes

Dominant la plaine de Tuchan, Aguilar est remarquable par sa double enceinte et sa position stratégique sur un col des Corbières. Confié au roi de France après la soumission d’Olivier de Termes, il sert à surveiller les routes vers le sud. Son panorama sur les vignes et jusqu’au Canigou en fait un site prisé des visiteurs.
Termes, la vigie des gorges

Enserré dans une boucle du Sou, Termes occupe une position défensive naturelle exceptionnelle. C’est l’un des premiers châteaux conquis par les croisés, en 1210, lors d’un siège mémorable. Repris et réaménagé par la monarchie française, il sera ensuite reconstruit selon les standards capétiens.
Une décision attendue pour 2026
La candidature des Forteresses royales du Languedoc est en cours d’examen par l’ICOMOS, l’organisme consultatif de l’UNESCO. Si la réponse est positive, ces huit sites formeront une série patrimoniale unique, témoin de l’émergence d’un État centralisé, d’une architecture militaire homogène, et d’un territoire riche de mémoires croisées.
Plus d’infos sur les sites et la candidature : www.forteressesroyalesdulanguedoc.fr