Pyrénées. La population d’ours brun bat des records et s’étend, les attaques sur les troupeaux diminuent

La population d’ours brun continue de s’agrandir dans les Pyrénées. D’après le dernier rapport du Réseau Ours Brun, chargé du suivi de cette espèce, le nombre de naissances a battu un record en 2024, tandis que les attaques sur les troupeaux baissent légèrement.

C’est un rapport annuel toujours très observé. À la demande du Ministère de la Transition Écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche, l’Office Français de la Biodiversité (OFB) est chargé du suivi de la population des ours brun. Un suivi effectué par le Réseau Ours Brun (bénévoles et salariés) et les autorités compétentes en Espagne et en Andorre. Le but ? Documenter l’évolution de la population, sa répartition géographique, et ses conséquences  (attaques de troupeaux et de ruches) sur les activités humaines. C’est dans ce contexte, et quelques semaines après le procès du chasseur responsable de la mort de l’ourse Caramelles, que le dernier rapport annuel 2024 du Réseau Ours Brun a été rendu public le jeudi 3 avril 2025. Avec quelques surprises…

Un record de naissances

La population d’ours brun continue de progresser dans les Pyrénées. Avec 13 portées pour 22 oursons détectées l’an dernier, le nombre de naissances en un an vient d’être pulvérisé. C’est la première fois depuis 1997 qu’autant de naissances sont observées en douze mois. Forcément, le nombre total d’ours comptabilisés dans la chaîne de montagnes par le Réseau Ours Brun grimpe lui aussi.

À date, 96 individus ont été recensés (tout âge confondu), ils étaient une trentaine il y a dix ans. Conscient que ces observations peuvent être inexactes (toutes les bêtes ne sont pas détectées chaque année), l’Office Français de la Biodiversité et le CNRS estiment que la population réelle est comprise entre 97 et 123 ours. Cet accroissement moyen de la population, de l’ordre de 11% par an en moyenne, pourrait cependant être freiné dans les prochaines années par un point noir : la consanguinité. En cause, un déséquilibre entre le nombre de mâles et de femelles, et une diversité génétique insuffisante.

Pourtant, la situation semble moins alarme que par le passé, car l’accroissement des naissances s’accompagne d’un taux de survie positif.

L’espèce renforce sa présence

Le taux de survie provisoire des oursons nés et détectés en 2023 est de 56%, c’est en baisse par rapport aux naissances observées un an avant, où le taux de survie était de l’ordre de 85%. Ces chiffres restent à prendre avec des pincettes puisque les oursons nés en 2023 qui n’ont pas été repérés cette année ne seront considérés disparus que s’ils ne sont pas observés d’ici à l’an prochain. Les pièges photographiques et autres méthodes de comptabilisation ne permettent effectivement pas d’avoir un suivi précis à l’individu près. Il faut dire que l’étendue du territoire de l’espèce ne facilite pas la tâche aux membres du Réseau Ours Brun !

En 2024, les ours pyrénéens ont continué de s’étendre géographiquement. Leur présence, déjà détectée en Andorre, en Espagne et dans l’ensemble des départements pyrénéens français, atteint désormais les 7200 km2, c’est 100 km2 de plus qu’en 2023.

Malgré cette expansion géographique et cet accroissement de la population ursine, les attaques sur les espèces domestiquées ont, elles, baissées l’an dernier.

Moins d’attaques sur les troupeaux

Une baisse modérée. 369 attaques de bétail (animaux morts ou blessés) ont été enregistrées l’an dernier dans l’ensemble des Pyrénées, dont 310, rien qu’en France, contre 349 en 2023. En revanche, les attaches de ruches ont été plus nombreuses, elles sont passées de sept à 14.

Dans le détail, l’Ariège est le département le plus touché avec 222 attaques comptabilisées l’an dernier, suivent la Haute-Garonne (83 incidents), les Hautes-Pyrénées (17) et les Pyrénées-Atlantiques avec deux attaques. Dans l’ensemble des Pyrénées Espagnoles, les agriculteurs ont été confrontés à une cinquantaine de faits semblables, aucun en Andorre.