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Manque de neige dans les stations des Pyrénées : « il n’y a pas de plan B quand le ski s’arrête »

today28 novembre 2024 à 12h00

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Alors que l’ouverture des stations de Cauterets, des Angles ou encore de GrandValira a été repoussée cette semaine en raison du manque de neige, Pyrénées FM s’est entretenu avec Anne Marty, directrice générale adjointe du groupe Altiservice (Font-Romeu Pyrénées 2000, Saint-Lary) pour évoquer l’avenir des stations de ski des Pyrénées au regard des évolutions actuelles et futures du climat.

Un hôtel, un bistrot, un restaurant d’altitude, un magasin de location de matériel et des activités hors ski de plus en plus nombreuses… À Font Romeu Pyrénées 2000, depuis quelques années, tout est mis en oeuvre pour que la station puisse diversifier ses sources de revenus, aujourd’hui encore majoritairement composées des recettes de l’activité ski. Et le constat est le même d’un bout à l’autre des Pyrénées.

L’hiver reste un temps fort indétrônable

D’ailleurs, depuis quelques années, les stations sont de plus en plus nombreuses à promouvoir un modèle « quatre saisons » pour marquer dans les esprits l’idée que les stations de montagne sont accueillantes toute l’année. Mais la réalité est plus complexe que cela d’après Anne Marty, directrice générale adjointe d’Altiservice et Présidente de Domaines Skiables de France.

Crédits : Melvin Gardet / Pyrénées FM
"Les saisons d'hiver ne deviennent pas des stations quatre saisons. Si on fait deux bonnes saisons c'est déjà très bien. Cependant, il y a effectivement un souhait d'offrir la montagne de façon plus large à tous nos clients. Cet été a par exemple été un très bel été. Cela reste des chiffres d'affaires qui sont confidentiels par rapport à l'hiver, ce n'est pas la même clientèle, mais les clients étaient là et ont pris beaucoup de plaisir. Sur Font-Romeu Pyrénées 2000, nous avons racheté l'année dernière le restaurant l'Oustalet, il faut savoir que cet été nous avons été pleins de juillet à novembre."

Au fil des années, ce succès a poussé Altiservice à réaliser des investissements similaires dans ses deux stations, Font Romeu et Saint-Lary.

"Quand la collectivité à Font-Romeu a ouvert un appel d'offre sur la gestion de ces restaurants, nous ne nous sommes pas posés de question. Nous y avons été. L'objectif est de proposer une offre globale au client, de mieux les satisfaires."

Un discours au travers duquel on serait tenté de comprendre que les stations préparent les adeptes de Ski à se reporter sur d’autres activités… « Ce n’est vraiment pas l’objet. Le ski, c’est le vaisseau amiral », répond Anne Marty.

Sans ski, pas de station

"Ce qui est important c'est d'offrir des expériences différentes. Après, ces chiffres d'affaires, ils sont petits par rapport à celui du ski, mais par contre, qu'il y ait de la neige ou qu'il y en ait moins, c'est important d'avoir une offre complémentaire pour offrir du plaisir aux clients. Si en raison du changement climatique, le chiffre d'affaires de l'activité ski baisse un peu, l'objectif c'est de maintenir l'activité ski en ayant du chiffre d'affaires complémentaires pour continuer à faire vivre le territoire."

Bref, ces nouvelles activités ne sont donc que des leviers de secours pour assurer un niveau de trésorerie satisfaisant. Mais alors quel avenir pour nos stations quant on sait que la neige tombe de plus en plus haut et de moins en moins longtemps ? Pour Anne Marty, il faut être honnête, une station sans ski n’est pas viable.

"Il n'y a pas de plan B quand le ski s'arrête, c'est extrêmement violent. Aujourd'hui, nous savons que quand le ski s'arrête, l'exode rural débute, c'est mécanique. Les gens vivent à la montagne avec l'activité ski seulement, ou avec une autre activité à côté. Quand les stations sont plus petites, c'est beaucoup de pluri-actifs. Nous n'avons pas encore trouvé de solutions pour palier à cela. Nous y réfléchissons, nous y travaillons, mais ce n'est pas si naturel. D'où l'idée de prolonger le ski tant que l'on peut le faire, puisqu'aujourd'hui, quand le ski s'arrête, les clients ne sont plus au rendez-vous."

Un discours inquiétant quant à l’avenir de nos stations qui ne doit en rien gâcher les plaisirs que la montagne nous offrira cet hiver… et les suivants, en tout cas pour quelques années encore.

Écrit par: Melvin Gardet

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