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Déjà impactés en mai 2024 par un épisode de grêle d’une rare intensité, les viticulteurs audois ont été de nouveau touchés par les grêlons mardi 13 août. Un coup du sort qui a des conséquences sur leurs récoltes, dans un contexte de crise déjà prégnant. Témoignage d’une viticultrice à l’occasion de la Fête du Vin de Val-de-Dagne (11) jeudi 15 août.
On pourrait presque croire qu’elle a tenté de gâcher les festivités avant même qu’elles ne commencent. La grêle a de nouveau frappé le département de l’Aude mardi 13 août. Un épisode de seulement quelques minutes, très localisé, qui n’a pourtant pas épargné les vignobles de Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, de Ferrals-les-Corbières ou encore de Fabrezan. Pourtant cette année, la liste des invités non-consentis était déjà longue : sécheresse, maladies et déclin du marché du vin français ont impacté tous les viticulteurs du Roussillon audois, et cela sans attendre le début des festivités estivales destinées à promouvoir ce savoir-faire reconnu.
Alors forcément, un aléa de plus n’était ni souhaité, ni souhaitable.
Emilie Merlos, vigneronne du domaine Cellier des Troubadours de Val-de-Dagne (ex-Montlaur) et secrétaire de l’association Art de vivre en Alaric, ne nous a pas dit le contraire : « L’année 2024 est une année un peu particulière. Comme beaucoup d’autres dans le département, nous avons été touchés par la grêle qui a détruit une bonne partie de notre récolte (à peu près 70%, ndlr.) Malheureusement, ces épisodes qui étaient très rares il y a quelques années se font beaucoup plus récurrents. Chaque année, il y a un aléa climatique qui vient un petit peu gâcher la fête. » La fête, intimiste, celle qui est organisée avec les collègues à l’issue d’une journée de travail acharné, mais aussi celle qui se veut plus promotionnelle, comme la Fête du Vin (voir ci-dessous).
À Val-de-Dagne, on fête le vin depuis maintenant dix ans. Ce jeudi 15 août, c’est donc une édition anniversaire qui en plus d’avoir un intérêt commercial pour les viticulteurs, est aussi l’occasion de réunir les professionnels du vin du coin. « Cela permet de se rencontrer entre vignerons et de partager les difficultés que l’on peut avoir, et même d’échanger sur d’autres sujets », explique-t-elle.
Pourtant, il ne fait que peu de doutes que les discussions se porteront à un moment ou à un autre sur l’état actuel des vignes audoises. « Lorsque nous avons eu de la grêle au mois de mai, c’est-à-dire en pleine croissance de la végétation, nous nous sommes retrouvés avec une grosse partie de nos vignes sans feuillage et avec des nouvelles pousses endommagées », raconte-t-elle. Concrètement, la conséquence, c’est une baisse de la récolte dès cette année, mais aussi l’an prochain.
À cela peut s’ajouter un autre dommage économique, qu’elle n’aborde pas.
Celui sur la rémunération des professionnels du vin, et/ou, sur le prix du produit vendu aux consommateurs. Un point non-négligeable quand on sait que ces derniers privilégient déjà d’autres produits en cette période inflationniste. « La consommation d’alcool baisse de façon générale. Les gens vont un petit peu moins au restaurant. On voit bien qu’il n’est pas compliqué d’aller au restaurant sans réservation cette année » justifie-t-elle. La tendance serait la même partout : grossistes, vente directe, exportation.
Si aucune étude ne permet encore d’attester d’une baisse de la consommation de spiritueux du fait de l’inflation, plusieurs enquêtes font état d’une baisse de la consommation de vin des français de l’ordre de 20 à 30% sur les vingt dernières années. A l’inverse, le chiffre d’affaires de la bière a été plus important que celui réalisé par les ventes de vins dans les grandes surfaces l’an dernier, une première.
Bref, dans le secteur viticole, l’heure n’est plus à la fête depuis déjà quelques mois. D’autant que ces difficultés finissent par en user certains. La viticultrice confirme que des vignerons audois sont prêts à jeter l’éponge, au même titre que dans le Pays Catalan.
« Certains pensent à arracher. On voit de plus en plus de friches comme dans les Pyrénées-Orientales. D’autant qu’il y a des sessions d’arrachage qui sont à l’étude en ce moment. A priori, vu que la France produit plus de vin qu’elle n’en consomme, il va bientôt y avoir (comme dans le Bordelais) des sessions d’arrachage sur des surfaces assez importantes. » Emilie Merlos, vigneronne.
Le premier vice-président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles, Jérôme Despey, confirmait début août au journal Le Monde que 4 à 5 millions d’hectolitres sont de trop chaque année.
Autant d’éléments qui participent à entretenir une grande confusion quant à l’avenir du vignoble Français.
Ce contexte, bien connu des préfectures, des chambres d’agricultures et des collectivités, pousse régulièrement ces institutions à prendre des mesures d’accompagnement. Ce fut le cas à Montlaur en mai dernier, et ce devrait être le cas dans le reste des Corbières cet été. Un soutien reconnu par la viticultrice, qui co-organise d’ailleurs la Fête du Vin avec Carcassonne Agglo.
Alors, s’impose une question banale que les journalistes commencent à avoir pour habitude de poser aux professionnels du secteur : « que peuvent faire les consommateurs pour vous aider ? » La réponse, évidente, n’en reste pas moins utile : « en achetant du vin français ! C’est la meilleure réponse ! » s’exclame Emilie, avant d’ajouter que ce type d’événement est aussi une occasion pour les professionnels du vin d’expliquer leur métier, loin des commentaires négatifs qui peuvent être lus ou entendus. « Le vin n’est pas uniquement une boisson, c’est tout un partage qui va autour ! »
Écrit par: Melvin Gardet
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