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Muriel Batbie Castell est une artiste et une passionnée des langues anciennes et régionales. Elle est surtout, depuis 2011, la voix du métro de Toulouse. Une opportunité qui lui a permis de faire décoller sa carrière de voix-off. Entretien.
Elle est imitée par des milliers d’habitants du sud-ouest qui ont déjà emprunté les transports en commun toulousains, et passe pourtant inaperçue quand elle les utilise. Muriel Batbie Castell a un curriculum vitae bien fourni. Outre ses talents de chanteuse soliste (Prix de Musique Déodat de Séverac décerné par l’Académie du Languedoc) qu’elle combine avec sa passion pour les musiques anciennes, et sa carrière de professeur d’occitan à la cité scolaire Lakanal de Foix (09) depuis plus de 20 ans, elle est aussi et surtout connue pour être la voix du métro de Toulouse depuis 2011.
Une opportunité qui s’est présentée à elle par le biais du président du collectif associatif Convergences Occitanes. « Il m’a contacté parce que la mairie de Toulouse cherchait à refaire les enregistrements du métro. Ils souhaitaient une même voix pour les annonces en français et en occitan », raconte-t-elle à Pyrénées FM.
Commence alors un travail de réflexion sur les traductions des noms de station du métro en Occitan. D’autant qu’à l’époque, la voix synthétique qui la précède est régulièrement moquée sur les réseaux sociaux. « Il se trouve que la plupart des noms français ont déjà souvent des noms occitans, comme Basso Cambo, qui signifie la ‘basse pleine’. A côté de ça, il y avait des choix à trancher, notamment pour les noms propres », commente-t-elle.
Des décisions qui ont été prises collectivement avec un collectif de linguistes. Suite à cela, les voix ont été enregistrées dans un studio de Castanet-Tolosan, au sud de la Ville rose. Une tâche comparable à l’enregistrement de n’importe quelle autre voix-off d’après elle, mais avec des exigences bien spécifiques.
Il fallait être à la fois compréhensible et être vigilante sur les hauteurs de voix. Cela demande d’ajuster le ton, d’un demi-ton plus haut ou plus bas (plus grave ou plus aiguë). Le but, c’est que la voix soit agréable à entendre, compréhensible pour les usagers, et qu’elle garde une spécificité locale, avec une pointe d’accent occitan, y compris en Français.
Cet accent fait d’ailleurs la particularité du métro toulousain.
Malgré cela, Muriel Batbie Castell continue de prendre les transports en commun toulousains comme si de rien n’était, ce qui est, admet-elle, assez plaisant : « Je passe un peu incognito, j’ai l’impression d’être une passagère clandestine. Les usagers ont le son, mais pas l’image. Seuls les gens qui me connaissent me reconnaissent, mais pour les autres, je suis totalement inconnue. »
Et pour cause, les enregistrements de sa voix, bien que connus de tous les voyageurs pour leurs envolées en occitan, ne dégagent pas d’émotions permettant d’identifier la personnalité de l’interprète. Une sorte de dédoublement avec son âme d’artiste qu’elle assume et conçoit.
C’est un travail spécifique. Le but n’est pas de montrer sa personnalité comme dans une interprétation scénique mais bien de répondre à des critères. Il y a une forme de standardisation de messages dans l’espace public. Ce sont deux démarches différentes, deux objectifs différents.
Elle dit aussi que les libertés sont moindres que lorsqu’elle interprète ses propres compositions. C’est finalement tout l’intérêt de l’exercice.
Sa performance a d’ailleurs été applaudie par les partisans de la langue occitane, et remarquée par de nombreuses entreprises et collectivités qui ont fait décoller sa carrière de voix-off.
Suite à cette expérience, j’ai été contactée par toutes sortes d’entreprises pour des annonces vocales, etc. Je suis un peu repérée comme la voix occitane de l’espace public, alors que je ne suis pas la seule. C’est donc une forme de tremplin et de reconnaissance d’être sollicitée.
Une reconnaissance qu’elle apprécie et qui n’a jamais remis en question sa plus grande passion : le chant, et plus généralement la musique. Muriel Batbie Castell, qui joue aussi du piano, se produira d’ailleurs en concert dans la région cet été. Elle y interprétera ses morceaux qui sont pour certains, comme dans le métro, le téléphérique, et la future ligne C, en français et en occitan.
À 54 ans, Muriel Batbie Castell est finalement parvenue à allier ses passions dans chacun de ses projets professionnels.
Écrit par: Melvin Gardet
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