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Ariège. Viol et agressions sexuelles sur 4 mineurs : l’accusé condamné à 15 ans de réclusion

today7 mai 2024 à 22h06 15

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Après plus de trois heures de délibéré, la cour d’assises de Foix vient de rendre son verdict dans le procès qui a démarré le 2 mai dernier et qui accuse un Couseranais de 44 ans de viol, d’agression sexuelle sur mineur de moins de 15 ans, et de détention de 142 fichiers pédopornagraphiques. Si l’avocat général a requis une peine générale de réclusion d’au moins 15 ans assortie d’une période de sûreté de 10 ans, les jurés – qui ont déclaré l’accusé coupable de l’intégralité des faits reprochés, à l’exception du délit de captation d’images pédopornographiques dans un but de diffusion – ont condamné Fabien*M a 15 ans de réclusion, avec une obligation de suivi socio judiciaire d’une durée de 6 ans, et l’interdiction d’entrer en contact avec les victimes, de quelques façons que ce soit.

Pour rappel Fabien* incarcéré depuis fin d’année 2020, est accusé de viol et d’agression sexuelle sur quatre enfants âgés au moment des faits de 8 ans et demi à 15 ans. A l’origine de l’alerte, son neveu de 8 ans et demi Nicolas* qui confiera avoir été touché par son oncle, et l’avoir massé, à sa demande, sur le ventre lors d’une la seule nuit qu’il passera à son domicile. Au fil de l’enquête, trois autres jeunes garçons seront identifiés, et 142 fichiers (images et vidéos) à caractère pédopornographiques seront retrouvés chez l’accusé. L’ homme qui a avoué -du bout des lèvres- les faits de viols et d’agressions sexuel sur trois des quatre victimes hier, lundi 6 mai, a bien voulu admis les faits de viol et d’agression sexuel sur la 4e victime, le jeune Louis* ce matin.

« Ma vie est détruite, jamais de la vie je voulais faire mal aux enfants »

Si l’accusé a durant ce procès garder une certaine arrogance, c’est un homme retranché et acculé qui s’est présenté dans le box des accusés ce mardi matin : » Je tiens à dire que, ce que dit Nicolas est vrai, ce que dit Noé est vrai, ce que dit Ludo est vrai, et ce que dit Louis est vrai… », a t’il alors déclaré en sanglotant, « Je ne veux plus me battre, je ne veux plus lutter, je regrette le mal que j’ai pu faire autour de moi, le mal que j’ai pu faire aux victimes, à Nicolas, à Noé, à Ludo et à Louis. Je leur présente toutes mes excuses, mon sincère pardon, j’ai détruit des liens de plus de 20 ans, à l’heure actuelle je n’ai plus personne, et ma vie est détruite(…)Jamais de la vie je voulais faire mal aux enfants « . Ainsi, c’est avec des aveux de dernières minutes que les avocats des différentes parties ont tour à tour plaidé durant la matinée. Des aveux sur le tard interprétés comme étant « stratégiques » par les parties civiles.

« On ne dit pas non à Fabien », Me Pauline Quintanilha avocate de Noé*

Pour Pauline Quintanilha, l’avocate de Noé, « ces aveux laissent une impression mitigée », « Certains d’ entre vous ont pu être surpris que nous n’ayons pas demandé le huis clos, mais nous l’avons fait pour des raisons pédagogiques, pour montrer à la société que ce type de faits, ça n’arrive pas qu’aux autres, c’est abyssal de se dire ça mais c’est une réalité(…)Je suis là pour porter la parole de Noé* et de sa famille, et aujourd’hui, j’ai des impressions mitigées, mitigées car malgré la reconnaissance qui existe – même tardive – j’ai été stupéfaite dans les débats de l’attitude de l’accusé, et de sa façon d’être, de voir un avec un regard rarement abaissé, un verbe presque haut et une attitude quelque peu arrogante, une personne sûre d’elle, avec de l’aplomb. La personnalité de Fabien est difficile à appréhender, cet homme a une personnalité psychorigide, c’est quelqu’un qui en impose, qui crie, qui s’énerve. On ne dit pas non à Fabien. Il manifeste un fétichisme du corps de l’enfant, et ce qui allume son désir, c’est la vulnérabilité; on remarquera qu’il a un mode opératoire qui n ‘attirera que des petits garçons. Si je ne devais souhaiter qu’une seule chose, c’est que la justice explique à ces jeunes garçons et à leur famille qu’ils ne sont coupables de rien, qu’ils ne s’en veulent pas, que le seul coupable dans cette salle, c’est Fabien ».

 » Il leur a volé leur jeunesse, leur innocence », l’avocate de Nicolas*, Me Sophie Pujo 

Du côté de la plus jeune victime, son avocate le rappelle, l’accusé n’a pas seulement une attirance pour les corps dits juvéniles, mais bien pour les jeunes enfants, « Nicolas a un lien particulier avec l’accusé, c’est le seul qui a un lien par le sang avec Fabien. Nicolas*dort une seule fois chez son oncle, et il sera victime, mais il faut aussi se souvenir que sans Nicolas, on ne serait pas là. Il a été le grand absent dans ce jugement, et de cette absence et je ne voudrais pas qu’il pâtisse. Il n’est pas là parce que depuis 6 ans les faits ne sont pas reconnus et ses parents ont tenu à lui épargner cette épreuve, mais je veux souligner et assurer qu’avec Nicolas, Fabien n’était pas dans une volonté ou un désir de corps juvénile,Nicolas, c’est un enfant de 8 ans . Personnellement j’ai un sentiment amer de cette audience(…). Il leur a volé leur jeunesse, leur innocence, et pour les parents, la culpabilité est dévorante, le traumatisme ne s’arrête pas à la porte du Palais de Justice. Je veux que vous puissiez rendre à Nicolas ce dont il a été privé ».

« La peur de parler des victimes vient de la peur d’être jugé », Me Jean-Sébastien Billaud avocat de Ludo*

« La peur de parler des victimes vient de la peur d’être jugé, ou de ne pas être cru », lance Me Billaud, l’avocat du jeune Ludo, qui a aujourd’hui 16 ans,  » Le complot est l’élément de défense de l’accusé depuis le début(…). Je prend ici comme référence un livre qui s’intitule « il m’aimait », c’est un un témoignage écrit il y a 20 ans, qui raconte presque mot pour mot l’affaire qui nous concerne(…). Tant que l’accusé est dans le déni, il est un prédateur, il pensera toujours que ce qu’il fait est bien, la preuve  « Je pensais leur faire du bien », a t’il dit. Sa position de déni empêchera toute prise en charge de soins et à ce jour, ne pouvons pas savoir, si une solution positive est envisageable ».

« Le pardon, il n’y en aura pas », Me Lydie Delrieu Avocate de Louis*

Pour l’avocate de Louis, l’accusé joue la carte de la « faute avouée, faute à moitié pardonnée »… « C’est bien qu’il y ait ces aveux, même s’ ils arrivent un peu tard, et si pour moi la reconnaissance n’est pas sincère(…).Le pardon, il n’y en aura pas, et ses excuses qui arrivent trop tard, sont quant à elle seulement de circonstance. Il  dit « ce que les enfants ont dit est vrai ! », mais il ne dit pas , oui je les ai violés. On est tous convaincu les uns et les autres que rien ne justifie l’horreur qu’ont vécu ces enfants. Et concernant Louis, il ne s’est pas contenté de le violer, mais aussi de l’humilier – il aura fallu 4 ans de procédure pour qu’il daigne reconnaitre le viol de Louis; (…). Aujourd’hui, Louis attend une seule chose – que vous le condamnez à la juste hauteur de ce qu’il a commis. Il a détruit ces enfants, il a détruit Louis.

L’avocat général et procureur Olivier Mouysset : « On ne peut pas partir de l’idée qu’un enfant de 8 ans pouvait adhérer ou accepter »

Durant près d’une heure, l’avocat général a rappelé les faits aggravés pour chacune des victimes, « Ce procès comme d’autres avant lui nous conduit à nous interroger sur notre société, sur les agissements de nos contemporains, et surtout sur la protection que l’on doit accorder aux plus faibles d’entre nous. Monsieur Fabien* M a commis des faits aggravés sur les personnes de Nicolas, Noé, Ludo et Louis alors que ces quatre enfants étaient âgés de 8 à 13 ans au moment des faits(…). Je voudrais tout même insister sur le fait que l’accusé n’a pas entamé le moindre suivi psychiatrique depuis son incarcération, mais seulement un suivi psychologique, toutes les trois semaines, qui a débuté 5 mois avant le procès, ça laisse songeur(…). On ne peut pas partir de l’idée qu’un enfant de 8 ans pouvait adhérer, accepter, être consentant à un tel acte sexuel. Le code pénal prévoit que le viol commis sur un mineurs de 15 ans est puni d’une peine de maximale de 20 ans de réclusion criminelle. C’est pourquoi je demande une peine générale de réclusion criminelle d’au minimum 15 ans assortie d’une période de sûreté de 10 ans, d’une injonction de soins pendant 10 ans avec une prise en charge spécialisée dans les délinquants sexuels, d’une peine de 3 ans de prison en cas de non respect de ses obligations; et d’une inéligibilité sur une période de 10 ans ».

*Les prénoms de l’accusé et des victimes ont été changés

 

Écrit par: Stephanie Leborne

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