Pyrénées FM La radio des vallées
La séance de ce 5e jour d’audience (jeudi 23 novembre), s’est poursuivie avec les plaidoiries des parties civils, juste après que l’assemblée prenne connaissance de l’effroyable récit du meurtre de Célia. En effet, durant plus d’une heure les coaccusés, Jean-Paul Vidal et Marie-Josée Montesinos vont s’expliquer tour à tour et fournir dans le détail les conditions qui ont poussé les deux criminels vers l’assassinat de Célia. Ils rapporteront chacun leur version des faits.
Le récit de Jean-Paul Vidal provoquera des suffocations. Il relatera le calvaire de Célia, qui commence dès que la jeune fille entrevoit son père ensanglanté ce 30 novembre 2017, dans ce hameau isolé de Rieufourcat à Belesta.
Elle sera ligotée, bâillonnée, puis déposée dans le coffre de la voiture de son père. Enfin, durant de longues minutes elle suppliera Jean-Paul Vidal « de ne pas faire ça ». « Qui êtes-vous ? Pourquoi vous faites ça ? Etes-vous payé pour faire ça ? », autant de questions que Célia posera à Jean-Paul Vidal sur le trajet -c’est-à-dire 15 km en voiture depuis le hameau de Rieuxfourcat de Belesta jusqu’au maki de la forêt de Picaussel – qu’il la conduira à une mort certaine. L’homme expliquera que l’hésitation l’a alors envahi, qu’il s’est arrêté deux fois sur la route pour en faire part à Marie-José Montesinos. Celle-ci niera les faits, en expliquant qu’elle était sidérée, déconnectée, qu’elle conduisait comme un automate.
Arrivée au maquis de la forêt de Picaussel, Jean-Paul Vidal emmènera Célia au milieu des bois en la tirant par le bras, puis finalement fera demi-tour et remontera, jusqu’à croiser le regard de Marie-José Montesinos qui, avec un hochement de tête, lui indiquera « qu’il doit le faire ». Il retournera donc dans la forêt avec Célia, pour lui tirer une balle dans la tête « lorsqu’elle ne lui parlera plus ».
Célia s’écroule. Cette vie qu’elle espérait tant partager avec son petit ami Thibault lui sera arrachée à ses 18 ans. Inconsolable, anéanti, la famille de Célia écoute le récit glaçant des deux accusés, qui évolue tout au long de la journée, passant de l’ignoble au sordide.En effet, Jean-Paul Vidal confiera que Marie-José Montesinos a arraché les bijoux que portait Célia ce jour-là. Un acte démenti par son ex-amante.
En dernière partie de journée, les avocats des parties civiles ont plaidé, faisant place aujourd’hui, vendredi 24 novembre, aux plaidoiries des avocats de la défense et des réquisitions de l’avocat général.
« La première fois que j’ai rencontré Jean-Paul Vidal, celui-ci ne m’a pas regardé. Le travail avait commencé. Aujourd’hui, ma robe est lourde, à la hauteur des faits qui lui sont reprochés. Juger ce n’est jamais simple. Ce n’est jamais anodin de juger un homme que vous ne connaissez pas. On vous demande de sceller le sort de M. Vidal », a lancé l’avocat aux jurés.
« Juger c’est comprendre »
« Comprendre la peine des familles et des parties civiles, il n’y a pas de difficulté. Mais comprendre ceux qui sont dans le box des accusés, pour ça, il faut pénétrer dans l’intimité de leur vie. Je ne prétends pas vous convaincre aujourd’hui. Il assume toute sa responsabilité, que dire de plus. Il ne se défausse pas, il ne s’épargne rien. On a eu de sa part la retranscription des derniers moments de Christophe et de Célia. C’est rare. Il a avoué que Célia l’a suppliée. Il aurait pu éviter certains mots. Non. C’est sans concession. Il marche sur le long chemin de la repentance ». « A présent il ne demande qu’à se taire, disparaître, sombrer silencieusement dans l’oubli ».
« Une peine pour un accusé repentant »
« Jean-Paul Vidal, on le sait, est une personne louée dans entourage. Altruiste, calme, gentil, généreux : comment on arrive aujourd’hui dans une cour d’assises à cause d’une instrumentalisation de carence affective. Mais ça va plus loin, je lis des experts « une quête affective qui le rend incapable de distanciation ». Marie-Josée Montesinos revient dans sa vie et lui parle de Christophe Orsaz dès sa première rencontre. Il n’a jamais douté des lettres qu’elle s’écrivait elle-même, ou de celle qu’elle lui a envoyée avec des menaces contre lui ou ses enfants, qu’il pensait écrites par Christophe Orsaz. Ce n’est pas un assassin, mais il l’est devenu. Il ne demande pas pardon, car il sait qu’il n’est pas accessible. Il ne demande pas la clémence, mais la justice. La justice seulement.
« Elle a su être la clé, et chacune des dents de cette clé va s’adapter aux carences affectives de Jean-Paul Vidal. Il suffira ensuite juste de la tourner ».
« Mesdames et messieurs les jurés, défendre ce n’est pas « justifier » mais tenter de comprendre, les causes et les effets. Tenter de dire ce qui n’est pas audible, la culpabilité, les remords, les regrets mais à aucun moment, manquer de respect aux membres des parties civil. La perception de Marie Josée Montesinos est faussée, faussée depuis le début ». « Elle est depuis le début présentée comme un monstre, comme une sorcière, comme la nymphomane de l’Ariège. Mais pourquoi rajouter de l’horreur à l’horreur? », a entendu l’assemblée lors de la défense de Marie-Josée Montesinos.
« Vous avez entendu de nombreux experts qui sont venus à cette barre, chacun de vous a fait part de l’extrême difficulté de l’exercice et de dire que « Pour pouvoir parler de façon certaine de quelqu’un, il faut avoir cette personne en thérapie ». L’avocate parlera d’un certificat médical, oublié du dossier, en date du 12 juin 2016, faisant état de coups sur le corps et sur l’épaule gauche de l’accusée. Un examen qui sera à nouveau réalisé le 16 juin suivant par le Dr Rouch : » Ce médecin indique qu’elle a un hématome de 10 cm de diamètre ».
Les experts vous l’ont dit : « Mme Montesinos n’est pas dotée d’une intelligence supérieur, comme monsieur Vidal n’est pas l’idiot du village »
Me De Caunes-Avocat de Marie-Josée Montesinos
« Je crois que M Vidal a été amené dans l’illusion selon laquelle il faut qu’il s’accuse plus pour être condamné moins. Et la récompense est là »
« Comment ne pas penser à la suppression de deux témoignages qui mettent à mal, l’idée angélique qu’on cherche à faire de M. Orsaz. On a bien compris que Marie-Josée Montesinos est le profil idéal, c’est une femme -et on dirait que c’est presque un pléonasme dans cette affaire (…) »
« Ce qu’il nous faut c’est de la précision sur les faits et de la nuance «
« Christophe Orsaz est un séducteur, gentil prévenant mais se révèle avec une personnalité complexe. Elle est avec lui à la fois, dans l’admiration, la fascination et le rejet. Dans la personnalité de M. Christophe Orsaz , il y a aussi de la violence comme le déclare son ex-femme Sandra Decker que je cite : « J’ai été victime personnellement de violence physique, il m’obligeait à avoir des rapports sexuels, avec d’autres personnes. Il me faisait chanter depuis des années avec un secret de famille qu’il a fini par dévoiler et qui a fait que je me suis brouillée avec toute ma famille ».
« Marie Josée Montesinos s’est donc fait une idée de Christophe Orsaz qui était redoutable. Alors comment M. Vidal rentre t’il dans la boucle : par la hantise. Elle invente, elle triche, elle est dans un psychisme très différent de notre normalité. Ce n’est pas pour autant qu’il ne faut plus jamais la croire.é
» Que sait-elle de Jean-Paul Vidal ? TOUT, et tout le monde le dit, il est doux, gentil, antimilitariste et alors c’est lui qu’elle va recruter pour être son instrument ? Le gentil, le pacifique, le doux Vidal ».
« Concernant Jean-Paul Vidal, les coups dépassent la maîtrise qu’il pensait donner. Et c’est là que tout bascule, c’est un autre Vidal. Dans une explosion violente qui fera de lui un autre homme. Le Dr Légiste le dira : « les coups ont été donnés avec une force incroyable », et pourtant, il dit s’être » je me suis retenu ». Personne ne pouvait imaginer qu’il avait cette violence en lui, même pas Marie-Josée Montesinos. « il l’ a dit: » j’ai été dépassé dès le premier coup de barre ».
« Si il tue Célia, c’est pour lui »
Reste la mort de Célia. Rien que d’y penser. Les mots sont terribles lorsque l’on pense à Célia. D’ailleurs Vidal le dit rapidement lors de sa mise en examen : » Non elle ne m’a pas demandé de le faire ». Si il tue Célia, c’est pour lui. Il est dans la violence. Moi ce que je pense que c’est un autre Vidal qui s’est révélé lui même à cette violence. »
« La perpétuité c’est la condamnation à mort moderne. C’est la personne qu’on ne supporte pas, pas ce qu’elle a fait, or ce n’est pas ça la justice »
Écrit par: Stephanie Leborne
jean Paul Vidal les disparus de Mirepoix; Christophe Orsaz
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