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HAUTES-PYRÉNÉES : un nouveau refuge autonome en énergie

today12 octobre 2023 à 10h09 26

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Léo Arcangéli, Région Occitanie.

Le refuge Wallon-Marcadau occupe une place centrale dans l’économie montagnarde de la vallée des Gaves. D’accès relativement facile et sécurisé il permet de graviter vers certains des plus beaux secteurs du parc national des Pyrénées en été comme en hiver. Il peut constituer une étape sur la Haute Route des Pyrénées (HRP), itinéraire engagé et très populaire pour traverser les Pyrénées.

Le refuge est situé à 1865m d’altitude. On y accède à pied principalement depuis le Pont d’Espagne à Cauterets (2h15 de marche sans difficulté et sans danger en hiver). Il est aujourd’hui géré par la SARL Wallon-Marcadau (Yannick Le Lay et Pierre Guyot les gardiens) dans le cadre d’une location-gérance. La vallée du Marcadau en zone centrale du parc national des Pyrénées et en site classé. C’est le refuge le plus fréquenté des Pyrénées françaises. Sa clientèle est variée : familles, randonneurs en été comme en hiver, alpinistes (accès à plusieurs pics de 3000m). Il s’agit d’un haut lieu du ski de randonnée en hiver. Des boucles sont possibles avec plusieurs refuges français et espagnols. Il comporte 113 places en dortoirs (de 4 à 16 places), il est ouvert toute l’année sauf de début novembre à mi-décembre (12 places ouvertes en période non gardée).

Le nom « composé » du refuge Wallon-Marcadau provient à la fois du toponyme de « Marcadau », nom atribué à la vallée et du patronyme d’Edouard Wallon (1821-1895), en guise d’hommage atribué à ce pyrénéiste originaire du Tarn-et-Garonne. La signification du nom « Marcadau » vient du mot gascon pour « marché » et souligne les échanges commerciaux transfrontaliers entre les vallées qui ont eu lieu sur ce lieu. C’est par ailleurs l’un des plus vieux refuges des Pyrénées, avec ceux de Tuquerouye (1889) et de Bayssellance (1899).

Un point historique 

En 1910, le refuge Wallon a été édifié par Louis Falisse (1858-1916) sous la commande du Touring Club de France au terme d’un bail conclu avec la Commission Syndicale de la Vallée de Saint-Savin, gestionnaire du terrain pour les communes indivises. Cette construction répondait aux besoins d’une clientèle aisée de Cauterets, souvent pionniers de ski. Entre 1922 et 1963, ont eu lieu divers travaux d’extension. C’est dans les années 80 , qu’interviens la liquidation du TCF et la reprise de la gestion par le Club Alpin Français. En 2010 : la commission syndicale récupère les murs à la fin de la concession. Puis en 2015 le projet de restructuration et réhabilitation est lancé par la commission syndicale, avant le début des chantiers en 2020.

Un projet autonome en énergie

Il s’agit d’un projet en montagne, en site isolé, non raccordé aux réseaux ni à un accès routier. Le refuge était humide, vétuste, inconfortable, non isolé… Il n’était plus aux normes pour la sécurité incendie, l’accessibilité et l’accueil des groupes de jeunes et menacé de fermeture administrative. L’approvisionnement en eau potable était insuffisant. Un souci a été porté à la qualité d’accueil et au confort dans la conception du projet. Il fallait trouver un juste milieu entre le refuge « à l’ancienne » et l’hôtellerie moderne, plus courante du côté espagnol. Un des objectifs
étant de valoriser la pratique hivernale et d’ouvrir toute l’année, hormis en novembre.

L’autre principal objectif était de construire un bâtiment autonome et économe en eau et en électricité, alimenté par des énergies renouvelables en utilisant des principes constructifs écologiques. Le respect du site d’un point de vue paysager était primordial ainsi que la prise en compte des trésors de biodiversité à proximité directe. Le refuge est situé en zone cœur du parc national, en site Natura 2000 et en site classé, avec de nombreux enjeux naturalistes présents, d’où un cadrage très exigeant du parc national dans la préparation et la mise en œuvre des travaux.

Le projet a permis une élévation globale du niveau de confort tout en conservant l’esprit refuge (dortoirs, restauration et sanitaires collectifs). Il a permis également de mettre en place un fonctionnement plus écologique : 100% énergies renouvelables (photovoltaïque, microcentrale hydroélectrique), toilettes sèches, usage de matériaux biosourcés… Le chantier et le principe constructif ont été soignés pour limiter les impacts environnementaux en zone cœur de parc national. De par son exemplarité, le projet a été lauréat de l’appel à projets bâtiment Nowat de la Région.

Si je refuse de voir nos montagnes devenir des sanctuaires, je considère pour autant que les activités et les usages doivent être encadrées, la fréquentation régulée, et cela notamment grâce à nos refuges. Pour que la Montagne reste un espace de découvertes et de rencontres heureuses. J’en suis convaincue, il est possible de concilier préservation de notre environnement et développement des activités de montagne. Autonome en énergie, conçu majoritairement à partir de matériaux locaux, ce refuge en est l’illustration concrète. Il témoigne aussi du véritable besoin de relocaliser en France l’approvisionnement en bois et en pierres notamment, plutôt que d’importer des ressources qui pourtant existent dans nos territoires. Toujours dans cette même volonté de concilier activités économiques et transition écologique, dans l’intérêt de nos territoires et de leurs habitants.
Carole Delga à l’occasion de l’inauguration.

Plus d’un an après la réouverture du refuge, l’opération est un succès comme en témoigne les 14 000 nuitées enregistrées en un an, contre 9000 en moyenne avant le chantier. L’établissement s’achemine vers la première place des refuges français selon cet indicateur.

 

Écrit par: Klervie Vappreau

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